Les films sortis en salles le 18 janvier

À voir

★★★☆☆  Nos soleils

Cultivateurs de pêches de père en fils depuis des lustres en Catalogne, les Solé apprennent que leur propriétaire veut remplacer les arbres par des panneaux solaires. Face à cette menace scellant pour les uns la fin de leur petit paradis, ouvrant pour les autres à de possibles profits, la famille se fracture…

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Révélée avec un mélo dramusculaire peu convaincant (Été 93), Carla Simón surprend en bien avec ce nouvel opus gravitant dans un cosmos pourtant proche : celui d’une cellule familiale confrontée à l’impensable, le tout en interaction avec les paysages brûlés par la chaleur sans fin de l’été hispanique. Est-ce parce que son sujet cherche moins à cueillir la larme, parce qu’il touche à des questions universelles (la place de chaque génération dans une lignée, la nécessité de la transmission, la trahison, l’affranchissement des tutelles patriarcales, l’innocence du monde de l’enfance face aux querelles incompréhensibles des adultes etc.) ou qu’il traite d’une question politique actuelle (la prédation des terres paysannes par l’industrie de l’énergie, ce qui n’est pas sans rappeler As Bestas de Sorogoyen, ni le roman Mohican de Fottorino), toujours est-il que le portrait s’avère aussi sensible qu’une pellicule argentique exposée zénith. Voilà un Ours d’Or loin d’être volé.

De Carla Simón (Esp.-It., 2h) Avec Anna Otín, Xenia Roset, Albert Bosch…

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★★★☆☆ La Guerre des Lulus 

Quatre pensionnaires d’un orphelinat de Picardie, les “Lulus”, se retrouvent livrés à leur sort au moment où éclate la Grande Guerre. Décidés à rejoindre la Suisse (où vit la mère de l’un d’entre eux), ils traversent à leurs risques et périls la ligne de front, bénéficiant en chemin du secours de plusieurs adultes…

Certes, il s’agit là de l’adaptation d’une partie du cycle de BD signées Hautière & Hardoc, mais La Guerre des Lulus emprunte surtout à la grande tradition du roman épique feuilletonnesque : le contexte dramatique s’y prête et les multiples rebondissements rebattent les cartes d’un récit loin d’être adouci — et c’est appréciable. Ici, pas de féérie émolliente pour dissimuler la barbarie ambiante : la guerre cause la mort, donc les Lulus y sont confrontés. Et les différents substituts parentaux qu’ils croiseront au fil de leurs pérégrination paieront leur soutien parfois de leur vie.

Abordant la question du deuil, de l’abandon comme l’apprentissage de l’amitié et de la fidélité, La Guerre des Lulus était un sujet en or pour Yann Samuel qui relève le défi esthétique. Surtout, il lui permet une décennie après son adaptation en-dedans de La Guerre des boutons, de trouver ici l’esprit mi-fantasque, mi-grave de Louis Pergaud qui lui manquait alors. À conseiller aux pré-ados.

De Yann Samuell (Fr., 1h49) Avec Isabelle Carré, Didier Bourdon, François Damiens

 


On s’en contente

★★☆☆☆ Le Clan 

Trois bras cassés corses ayant loupé leur dernier contrat décident de se refaire la cerise en enlevant Sophie Marceau. Mais ils se trompent de cible et kidnappent l’épouse du nouveau patron des flics de l’île de Beauté. Malgré leur erreur, ils retiennent leur otage avec qui ils finissent par sympathiser…

On croira sans peine que la pièce dont Éric Fraticelli est l’auteur-interprète (et qu’il a ici adaptée) a été jouée des mois à guichets fermés : sur scène, des caractères opposés condamnés à cohabiter en huis clos offrent toujours d’inépuisables ressorts de comédie, surtout lorsqu’il y a un abruti dans le lot — Le Dîner de cons, L’Emmerdeur ou Le Père Noël est une ordure en constituent quelques exemples fameux. La transposition demeure toujours la grande inconnue : comment conserver l’essence et le rythme originels sans “aérer“ artificiellement ni rester dans le théâtre filmer ? Si Fraticelli bénéficie de l’authenticité des décors, de l’appoint de la vraie Sophie Marceau dans une scène à hurler de rire et de comparses efficaces, hors de son dialogue bien rodé, la Corse demeure ici circonscrite à ses clichés insu- et sécu- laires. Pour plus d’originalité, voyez en sus I Comete (2022) de Pascal Tagnati.

De & avec Éric Fraticelli (Fr., 1h32) avec également Denis Braccini, Philippe Corti, Jean-François Perrone, Joséphine de Meaux…

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