Les films à voir en salles le 22 février

À voir

★★★☆☆ Petites 

Enceinte à 16 ans, Camille est retirée de la garde de sa mère immature et placée dans un foyer spécialisé pour futures (et jeunes) mères. Elle y sympathise avec Alison, luttant elle aussi contre ses démons,  et poursuit sa grossesse sous le regard exigent mais attentif de Nadine, une éducatrice passionnée…

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On retrouve dans cette chronique d’une construction en milieu social un peu de l’esprit de Placés de Nessim Chikhaoui (2022) — d’ailleurs Lucie Charles-Alfred, l’interprète d’Alison, y campait aussi l’une des résidentes ; même si elle est très crédible, il ne faudrait pas qu’elle s’enferme dans ce registre. Sans juger ses personnages, Julie Lerat-Gersant décrit une suite de situations balayant très largement la problématique de la maternité jeune et trop jeune, plus souvent subie que désirée. Son portrait de Camille est touchant car il la montre quittant l’enfance pour devenir plus adulte que sa propre mère, en dépit — ou grâce à — de nombreux coups durs. Pili Groyne a l’aplomb du rôle ; Romane Bohringer (dans la peau de l’éducatrice) l’indignation authentique et la sincérité passionnée.

De Julie Lerat-Gersant (Fr., 1h30) avec Pili Groyne, Romane Bohringer, Victoire Du Bois…


★★★☆☆Les Choses simples

Grand patron érigé en modèle absolu de réussite, Vincent est dépanné sur une route de montagne par Pierre, un scientifique bougon vivant en ermite dont la frugalité semble lui faire reconsidérer le sens des priorités. Une rencontre loin d’être fortuite : les deux hommes se cachant l’un à l’autre de petits secrets…

D’emblée, tout cela semble cousue de fil blanc : suivant la promesse du titre, le capitaine d’industrie au bout du rouleau est appelé à renouer avec “les choses simples“ du titre — l’omelette cuite dans l’âtre la nuit dans la cahute en bois etc. — façon Le Bonheur est dans le pré auprès d’un ours en apparence idéaliste. Mais le film s’écarte peu à peu des chemins du prévisible et transforme le profiteur avançant masqué en catalyseur du bonheur de son hôte… ce qui lui permettra de tirer un bénéfice indirect de son bienfait désintéressé. Tout cela prend finalement l’allure d’un conte philosophique, comme souvent chez Éric Besnard qui semble s’être fait une spécialité des tournages en Auvergne—Rhône-Alpes, des histoires avec personnages “vases-communicants“, du feu comme deus ex machina et de Grégory Gadebois (toujours parfait pour incarner les valeurs naturelles et telluriques). Il s’agit d’ailleurs pour Lambert Wilson d’un partenaire moins étouffant que Luchini dans Alceste à bicyclette de Philippe Le Guay, auquel cette  bromance fait fatalement penser.

De Eric Besnard (Fr., 1h35) avec Lambert Wilson, Grégory Gadebois, Marie Gillain…


★★★☆☆ A la belle étoile 

Passionné par la pâtisserie depuis son enfance, Yazid a l’ambition d’en faire son métier au plus haut niveau. Mais le chemin sera long et rude, du foyer champenois où il est hébergé (la faute à une mère défaillante) jusqu’au championnat du monde de pâtisserie via l’apprentissage dans les palaces…

Biopic à peine romancé du chef Yazid Ichemrahen, ce premier film de Sébastien Tulard n’est pas sans évoquer le récent Divertimento consacré aux sœurs Ziouani — que leur vocation et leur talent musical avaient rendu victorieuses du déterminisme social (pour condenser). Autre point commun : à l’instar de Marie-Castille Mention Schaar, le réalisateur a ici recours un procédé purement cinématographique de matérialiser l’inspiration et les émotions de son protagoniste, rappelant celles vues dans Ratatouille (2007). Les produits, recettes et gestes sont ainsi ici magnifiés, valorisant tout le potentiel créatif de cette discipline. Notons également une jolie distribution donnant de la saveur à l’ensemble. En premier chef (ha ha) Riadh Belaïche, venu du web — où il est connu en tant que Just Riadh —, qui endosse la toque et le rôle principal avec une belle aisance. À ses côtés, deux comédiens inattendus dans des emplois d’opposants : Loubna Abidar effrayante en mère dysfonctionnelle et Esteban, remarquable en ordure absolue.

De Sébastien Tulard (Fr., 1h50) Avec Riadh Belaïche, Loubna Abidar, Pascal Légitimus…


On s’en contente

★★☆☆☆ Arrête avec tes mensonges 

Répondant à une commande pour une marque de cognac, l’écrivain Stéphane Belcourt revient dans sa ville d’enfance où il n’a plus remis les pieds après son premier chagrin d’amour avec Thomas. Il y fait la connaissance de Lucas, le fils de Thomas. Des flots d’émotions et de souvenirs l’envahissent alors…

Adaptation d’un roman de Philippe Besson largement teinté d’autobiographie, cette histoire à cheval sur deux époques se devrait d’être dévorée par de la nostalgie mélancolique, du souvenir délavé, l’impression de deviner des traces de l’amour passé dans les traits du fils. Las ! Olivier Peyon a choisi d’inonder son récit de flashbacks, actualisant avec force images ce qui aurait dû rester évanescent et supposé dans l’esprit du spectateur, créant de fait comme un autre film dans le film. Peut-être aurait-il fallu Ozon pour susciter davantage de trouble ou d’ambiguïtés ? Si l’on veut bien sauver Victor Belmondo en fiston au mobile incertain et Guilaine Londez en chargée de communication couteau-suisse, on n’est guère convaincu par la composition d’un Guillaume de Tonquédec aussi émouvant qu’une tôle.

De Olivier Peyon (Fr., 1h45) avec Guillaume de Tonquédec, Victor Belmondo, Guilaine Londez…


★★☆☆☆ L'Homme le plus heureux du monde 

À Sarajevo, Asja participe à un gigantesque speed dating ludique pour trouver un partenaire. Celui qui lui a été assigné s’avère être Zoran, un homme de son âge dévoré d’angoisses et de culpabilité. Et pour cause : dans l’ex-Yougoslavie, ces deux-là on quelques points en commun…

La réalisatrice du prodigieux et iconoclaste Dieu existe, son nom est Petruniya (2019) nous offre ici une bien rude déception. Montrant les retrouvailles quelques années après la fin d’une guerre civile entre une victime et son bourreau et les retournement de position qui s’ensuivent, ce succédané de huis clos théâtral s’avère (hélas…) archi vu et revu : La Jeune fille et la Mort d’Ariel Dorfman porté à l’écran par Polanski (1994) reposait sur une trame identique. Alors oui, on comprend la problématique philosophique : illustrer la difficile, voire impossible réconciliation entre les ennemis mortels de jadis, alors que les passifs n’ont pas été soldés. Et accentuer la tragique ironie de la situation en l’emballant dans l’artifice d’un mariage arrangé à l’échelle industrielle. Ça aurait pu fonctionner s’il n’y avait eu cette idée de casser le crescendo dramatique à coup de valses-hésitations pour donner une illusion de cas de conscience. Résultat ? Un long métrage erratique et convenu comme une mauvaise pièce à message. Mieux vaut pa un court prenant aux tripes.

De Teona Strugar Mitevska (Macé.-Bel.-Slo.-Dan.-Dan.-Cro.-Bos.-Herz., 1h35) avec Jelena Kordic, Adnan Omerovic, Labina Mitevska…


★★☆☆☆ Last Dance 

Lady Vinsantos est une drag queen réputée de la Nouvelle Orléans, qui a même ouvert une école pour enseigner son art. Mais la cinquantaine venue, Vince envisage de raccrocher. Auparavant, il prépare sa succession et surtout son ultime spectacle qui sera joué à Paris…

Des adieux à la scène avant qu’il ne soit trop tard ? Voilà qui pourrait témoigner d’un sens de la dignité dont beaucoup d’artistes pourraient s’inspirer. Sauf que ce documentaire, pas vraiment sur le retrait ni la discrétion, tient plutôt de l’ego trip ou de l’hagiographie de Vince/Lady Vinsantos. Certes, le parcours individuel de ce showman/entrepreneur est singulier (issu d’un foyer plutôt aisé et compréhensif, homo mais père très jeune, appartenant à une génération n’ayant pas succombé au sida ni à la drogue…) mais le film d’un effarant classicisme ; sa chance est de sortir en plein pendant l’engouement pour les drags. Pour plus d’originalité, on recommandera plutôt le court Mother’s d’Hippolyte Leibovici par exemple.

Documentaire de Coline Abert (Fr., 1h40) avec Vinsantos DeFonte…

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