Ballet pionnier


Danse / On sait le talent du Ballet de l'Opéra de Lyon à interpréter les grands chorégraphes contemporains néoclassiques (de Mats Ek à Jiri Kylian, en passant par William Forsythe). Mais le ballet s'aventure aussi sur des terres plus expérimentales encore, comme celles de Jérôme Bel d'Alain Buffard ou de Boris Charmatz. À Saint-Étienne, le ballet plonge pour la première fois dans l'univers singulier de Catherine Diverrès. Un univers sombre, marqué par l'idée de vide et l'enseignement du maître butô Kazuo Ohno. Diverrès transmet au ballet une pièce pour trois danseurs datant de 2001, "San", hommage au peintre et metteur en scène allemand Oskar Schlemmer. Composée de courte séquences très «dessinées», presque géométriques, San évoque l'esthétique du Bauhaus, mais aussi l'industrialisation à outrance et la montée du nazisme (à travers notamment sa bande son faite de bruits de machines ou de bottes). Le programme du ballet sera complété par la reprise de "Gaspard de la nuit" du Finlandais Tero Saarinen sur une musique de Ravel d'après des poèmes d'Aloysius Bertrand. Là encore, l'atmosphère est étrange, flirtant avec la violence, le cauchemardesque. Puis par la reprise de "Tabula Rasa" d'Ohad Naharin. Cinq couples s'enflamment, virevoltent sur la musique agitée d'Arvo Pärt. Le mouvement s'engendre de lui-même sans rupture. Puis les sons s'en vont glisser vers le silence et commence alors le plus beau passage du spectacle : un à un, sur une même ligne, les danseurs entrent sur scène, chacun animé d'un mouvement de balancier oscillant de droite à gauche. Une onde aux têtes multiples se forme lentement devant nous, envoûtante... Jean-Emmanuel Denave

"Tabula Rasa" de O. Naharin,
"Gaspard de la nuit" de T. Saarinen,
"San" de C. Diverrès,

Ballet de l'Opéra de Lyon
Au Grand Théâtre Massenet
Mercredi 16 mars


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