Au rythme cannois

Comment parler d'un mois de cinéma dont les films sont gardés sous cloche en attendant leur présentation cannoise ? Challenge impossible, mais essayons quand même… Christophe Chabert


Mai sera un très bon mois pour les cinéphiles, à n'en point douter. Contrairement aux années précédentes, les distributeurs ont décidé d'être généreux avec eux en leur offrant, en même temps que les festivaliers cannois, d'ordinaire privilégiés, quelques-uns des films les plus alléchants de la compétition. Et ce dès l'ouverture, puisque le Moonrise kingdom de Wes Anderson sera visible le 16 mai sur tous les écrans, le jour de sa présentation au festival. Inutile de dire qu'on attend comme le messie le nouveau film du réalisateur prodige de Rushmore, La Famille Tennenbaum et À bord du Darjeeling limited. Le lendemain, 17 mai, la fête continue avec la sortie du dernier Jacques Audiard, De rouille et d'os avec Marion Cotillard et surtout, oui surtout, Matthias Schoenaerts, la révélation de Bullhead, dont on vous avait tant vanté les mérites en février (et que si vous n'êtes pas allés le voir, ben on vous parle plus !). Audiard s'aventure dans le mélodrame et semble féminiser son regard (rarissime chez lui, sinon dans Sur mes lèvres), même si le milieu du free fight et des combats clandestins fait partie du décor. On en bave d'avance…

Chambres séparées

Le 23 mai, c'est au tour de Walter Salles de révéler son longtemps attendu Sur la route, adapté du roman culte de Jack Kerouac, qui devrait prouver à ceux qui en doutaient que derrière la petite vierge tentée par un beau vampire dans Twilight, il y a une formidable actrice nommée Kristen Stewart. Deux jours plus tard, ce sera au tour de David Cronenberg de faire l'événement avec une autre adaptation (de Don De Lillo), Cosmopolis. Et cette fois, c'est le beau vampire Robert Pattinson qui tient le rôle principal, visiblement en plein cassage d'image si l'on se fie aux premières images où on le voit faire plein de trucs avec des filles pas franchement habillées. Surtout, on espère que Cronenberg fera oublier la semi-déception d'A dangerous method ; on a de fortes raisons d'y croire, puisqu'il s'est, chose rare ces dernières années, lui-même attelé à l'adaptation et que le sujet semble renouer avec sa période baroque de la fin des années 80. Quant à Prometheus, qui sortira le 30 mai et qui fait déjà fantasmer tout cinéphile normalement constitué (c'est-à-dire, qui a vu Alien une bonne dizaine de fois), il ne sera sans doute pas à Cannes. Pourquoi ? Comment ? On n'en sait rien, mais cela rendra d'autant plus grande l'excitation face à la découverte de ce nouveau Ridley Scott, qui choisit de raconter un pan de la mythologie qu'il inventait en 1979 en retournant des années avant le premier Alien. En résumé, on n'a rien vu, mais on a envie de tout voir, et vite !


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Miss Bala