Une Thaïs à méditer…

Pour le centenaire de la mort du compositeur, l'Opéra-théâtre a concocté une biennale Massenet digne de ce nom. Nos édiles sentiraient-ils le vent venir et auraient-ils ce flair visionnaire du nouveau slogan municipal ? Alain Koenig


Oui, bien sûr, et au risque de nous répéter, Jules Massenet est l'une des mines d'or (!) d'une ville dévastée par la mise en bière de son destin industriel. Voici un siècle que le génial compositeur s'est éteint, et que nos amis musiciens américains, européens, et même certains français, ne cessent de ranimer sa mémoire. D'ailleurs, ces quelques lignes sont rédigées en écoutant l'immense Rolando Villazon dans des extraits du Roi de Lahore, Manon, Werther, le Mage (Eh oui!), très beau disque sorti chez Virgin Classics en 2005. Pendant quelques semaines donc, l'Opéra-théâtre de Saint Etienne, rendra un vibrant hommage à sa gloire locale. Ce ne sont pas moins de deux opéras à l'affiche. Cendrillon, dont la production nous revient, à très juste titre, tout auréolée de succès du Luxembourg, dans une mise en scène de Benjamin Lazar lumineuse, respectueuse, poétique et intelligente. Le Mage, quant à lui, est un ouvrage titanesque datant de 1891, dont les musicologues ont noté les similitudes avec le livret d'Aïda. Une partition très élaborée, des chœurs, des ballets, une profusion de décors et de dispositifs scéniques coûteux, ont eu raison de la postérité de l'œuvre, dont la seule reprise date de 1896 ! Voilà pourquoi c'est une version de concert qui en sera donnée les 9 et 11 novembre, dans une distribution où l'on notera la présence de Kate Aldrich, grande mezzo américaine.

La grande Nathalie

Elle nous revient enfin, la sublime interprète de Thaïs, qui avait embrasé Saint Etienne, sous la «baguette magique» de Rani Calderon : j'ai nommé Nathalie Manfrino. Un rôle dont on se demande s'il n'a pas été écrit par Massenet pour elle. Elle sera en duo avec le baryton Markus Werba pour un concert intitulé Sur les pas de Thaïs. Le 4 décembre, tous les absents auront tort et n'auront pas droit à un mot d'excuse. Seule inconnue: l'orchestre saura-t-il réitérer sa prouesse musicale de 2009? D'autres manifestations viendront compléter l'offre: Massenet fut un très grand compositeur de mélodies, dont les droits d'édition furent longtemps son gagne-pain. Le 20 novembre, Laurent Touche laissera Ingrid Perruche et Lionel Lhote donner libre cours à leur expressivité mélodique. Ajoutez à cela un concert symphonique le 18 novembre Aimez-vous Massenet ?, des conférences et des expositions. Une biennale qui permettra à St Etienne de renouer avec son passé lyrique glorieux, et qui, avec deux doigts de bon sens, assurera son avenir.


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