Le Souffle de Parc sur la ville

Quand la compagnie P.A.R.C., fondée en 2004 par Pierre Pontvianne & Emilie Tournaire, et très vite rejointe par Pierre Treille et Sylvain Vigné, souffle sur la ville, cela donne « Souffle », spectacle présenté au Travelling Théâtre Le Verso, et "Stück", spectacle mené tambour battant sur la scène du Théâtre Copeau. Monique Bonnefond


Il est des êtres rares, des êtres qui, au cours d'une rencontre privilégiée enrichissent, en se dévoilant, en livrant spontanément et généreusement leurs idées, leurs émotions, leurs sentiments, en laissant leur parcelle d'humanité s'approcher de la vôtre et la vie qui les anime rejoindre celle qui est en vous. On se sent alors riche, riche des autres, riche du monde entier. Pierre Pontvianne, créateur avec Emilie Tournaire, de la compagnie P.A.R.C. en 2004 et Pierre Treille font partie de ces êtres-là. Les échanges avec eux sont riches, fructueux. Chacun s'applique à définir aussi exactement que possible sa démarche artistique, sa conception de cet art qu'est la danse, s'efforçant d'affiner le langage, de trouver le mot juste, l'expression qui traduira au plus près sa pensée toute en nuances. C'est ainsi qu'à partir de ce simple mot : souffle qui est le titre du spectacle présenté au Verso et qui sera donné le 19 mars à Villeurbanne puis à Grenoble, on en arrive à élargir la réflexion à la danse contemporaine, à l'humain, à la vie… C'est la poésie contenue dans le mot souffle qui a inspiré Pierre Pontvianne. Il y avait matière. Le souffle est indissociable du corps et de la danse. Le souffle, c'est un terrain de recherche et d'imaginaire. Le souffle, c'est à la fois un mot très précis et une réalité derrière laquelle on peut mettre beaucoup de choses. On peut évoquer Belmondo dans « A bout de souffle », Othello qui, avant d'étouffer Desdémone dans un accès de jalousie dit : « Avec quel souffle pur je l'entends qui respire ». On peut songer à tout ce que peuvent recouvrir les expressions « souffle de vie », « retenir son souffle », « reprendre son souffle »,  « ménager son souffle » et bien sûr, « le dernier souffle ». Le mot, pour Pierre Pontvianne semblait en lien avec la Création, avec l'inspiration. La création « Souffle » travaille sur les possibilités et les limites du corps. Pierre Pontvianne a cherché à respirer avec sa danse et il cherche à décloisonner la danse contemporaine de l'image qu'on lui donne. Les gens ont une vision réduite de la danse contemporaine. Les champs contemporains dérangent nos habitudes, mais il faut se méfier des méfiances. Plus on parlera des innovations, plus on les rendra accessibles. L'accessibilité, c'est aller à la rencontre de… La compagnie PARC aime rendre l'inhabituel moins déconcertant. Tout est une question de générosité et d'engagement. Si l'œuvre éloigne, il ne faut pas que l'artiste s'éloigne. Par son action culturelle en lien direct avec le public, la compagnie PARC aime stimuler l'imagination du spectateur, être provocateur de l'imagination qu'il faut éveiller en chaque spectateur ; car il y a autant de danses que de publics et de créateurs. C'est compliqué parce que c'est très riche et en même temps, c'est simple parce que c'est réel. Tout le monde n'a pas chez soi les outils pour peindre un tableau, un piano pour en jouer, mais nous avons tous un corps. Ainsi, nous sommes tous touchés. Une œuvre, on la partage. L'autre création de la compagnie PARC s'appelle Stück, mot germanique qui signifie morceau. C'est un trio de garçons. De leur danse s'extrait une idée poétique mais aussi politique car le passage du « je » au « nous » pose la question de la cohabitation et de la confrontation. Ils sont trois et ont en tête la quête d'un commun qui les fait converger en un point unique : Stück. Stück raconte un monde à la fois clos et ouvert, actuel et désuet, où s'imbriquent des situations, des plus quotidiennes aux plus incongrues. C'est dans ce monde recomposé qu' un jeu s'instaure entre les trois artistes. Jeu de mots, d'images et de corps où la danse se profile comme un solvant qui dissout les évidences.

Stück
à l'Opéra Théâtre de Saint-Étienne (Théâtre Copeau)
les mercredi 12 et jeudi 13 décembre à 20h,


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