Populaire

De Régis Roinsard (Fr, 1h51) avec Romain Duris, Déborah François…


Les Petits mouchoirs, Polisse, Radiostars et maintenant Populaire : il faut vraiment être aveugle pour ne pas voir le projet du producteur Alain Attal, projet qui dépasse la personnalité des réalisateurs qui signent ces films. Les Petits mouchoirs faisaient pleurer sur les malheurs des bourgeois parisiens friqués en vacances, Polisse vantait le courage et la sensibilité des flics contre le peuple et les élites, Radiostars exaltait l'amitié masculine et le succès en ridiculisant la province et les petites gens. Populaire, jusque dans son titre, est comme un point d'orgue à cette démarche lourdement idéologique. Il s'agit ici de montrer comme c'était bien, les années 50, cette époque bénie où les femmes obéissaient docilement à leur patron, parfois même tombaient dans leur bras, et où elles savaient montrer leur détermination pour travailler dur à devenir secrétaire. Régis Roinsard leur invente une belle récompense : une grande compétition mondiale de sténo-dactylo qu'il filme en faisant tourner sa caméra plus vite que celle de Lelouch. On croit rêver devant tant de nostalgie frelatée, que ce soit dans la reconstitution de l'époque façon brocante vintage ou dans l'absence totale de recul face à cet enchaînement de clichés croisés à un pitoyable recyclage des codes du mélodrame sportif — ce qui fait qu'on a en moyenne trente minutes d'avance sur le scénario. Populaire, c'est une sorte d'OSS 117 où tout serait pris au premier degré ; une absurdité qui vire au cauchemar de spectateur.

Christophe Chabert


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