L'expérience de l'idéal d'après Hugues Chabalier

La Compagnie United Mégaphone révèle dans sa dernière pièce, Entreprise de recueillement, l'espoir d'une génération théâtrale régionale. Sous la plume et la direction de Hugues Chabalier, un petit bijou s'offre à voir et à admirer sans modération ! Grégory Bonnefont


En d'autres temps, d'autres gouvernements, il aurait pu apparaître suspect de monter une telle pièce créée en partenariat avec la Comédie de Saint-Etienne et l'Espace culturel La Buire de l'Horme. Derrière le génie poétique contenu dans le titre Entreprise de recueillement se cache le tour de passe-passe théâtral proposé par la compagnie United Megaphone. Un petit bijou en ce début d'année, une manifestation à l'unisson pour un temps de réflexion en réunion de famille. Après les fêtes certains se seront retrouvés, disputés, reproduits... Car c'est bien de reproduction dont il est question. Une petite graine plantée par un père défunt et ses trois enfants s'interrogeant dans les marasmes du souvenir sur la possibilité de faire germer cette graine dans une entreprise de recueillement. Ainsi dans un théâtre d'expérience Hugues Chabalier, après avoir traversé le questionnement du paradis et du bonheur, s'intéresse à l'idéal. Il est bon d'oser. Oser penser l'utopie, qui plus est dans la nature. La mise en scène épurée, mettant en avant des mécanismes simples laisse une place grande à la terre envahissant l'espace scénique. Les comédiens formant une "cosmogonie" sur une scène naturelle peuvent incarner la parole.

Un évangile utopique sur fond de saga familial

La nature "scénifiée" devient laboratoire de l'expérience utopique. Le public saisi en confident témoin sera le garant de la réussite tentée par l'échantillon constitué des personnages. Frédéric, l'un des fils veut transformer la maison familiale en lieu d'accueil, de recueillement que sauront investir l'ami rêveur et bohême et l'ancien taulard. S'il obtient le soutien de sa soeur Louise, le frère aîné Vincent formule des réticences qui prendront un éclat particulier au contact d'une prostituée que la fratrie a kidnappé pour lui proposer une nouvelle vie. Dans cette version théâtrale de l'économie du bonheur, on s'aperçoit que même dans ce domaine il pourrait il y avoir des relents dictatoriaux. Toutefois la bonne nouvelle de cette pièce est de montrer le temps d'une représentation qu'un autre monde est possible au moins à sept sur une scène. En attendant que le chant du possible gagne le plus grand monde, les plus sceptiques pourront toujours se délecter de la poésie du thème et de la langue de l'auteur par lequel il transparaît.

Entreprise de recueillement
le 20 janvier à 17h, à l'Espace culturel La Buire de L'Horme
les 24, 25, 29 janvier à 19h30 et le 27 janvier à 16h30, au Travelling Théâtre Le Verso


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