La crise finit là où commence Balazuc

Dans un spectacle mêlant humour, sincérité et réflexion, Olivier Balazuc s'attelle au thème de la crise. En nous faisant découvrir les textes d'Eric Chauvier, le comédien prouve une nouvelle fois la force du théâtre comme acte de salubrité publique pour nettoyer nos esprits crisogènes.


Urgence nous dit Olivier Balazuc! Il y a urgence! La crise est en crise et ne passe pas. Celle qui signifie la transition, s'est enlisée dans nos vies, amplifiée par les médias et peut-être, faut-il l'avouer, par notre manque de notre volonté. Tel est le premier paradoxe tandis que le second réside dans notre incapacité à disséquer les méandres de ses mécanismes alors que nous demeurons les champions du langage en surface. Nous semblons nous satisfaire d'une formule linguistique où tout serait crise, mais où personne ne tente le voyage de l'explication. Voici l'attaque frontale qu'entreprend Olivier Balazuc dans ce spectacle. Un "théâtre d'urgence" constitue la proposition autour de la mise en scène des textes d'Eric Chauvier. Ainsi deux textes de l'anthropologue sont mis en avant: "la crise commence où finit le langage" et "Que du bonheur". Une table d'une célèbre marque de mobilier suédois porte en elle toute la symbolique du décor. Un objet commun et atrophié symbolise une paralysie du temps qui passe mais durant lequel la crise demeure. La volonté du comédien et metteur en scène est derevenir à l'échelon 1 de la crise, à savoir celle qui nous préoccupe dans nos relations humaines.

Des mots roses et non mauroses

Trois fameuses soirées en tournée à Quimper auront raison de son intuition pour gagner l'enthousiasme de ceux l'entourant. Ce sera une pièce sur la crise en temps de crise donc avec des moyens de crise. Accompagné au plateau par une comédienne, Olivier Balazuc éclaire le "ciel métaphysique de la crise" à la lumière de deux couples. Le premier formé par l'hôtesse d'une plate-forme de télé-marketing et un privé, le second par un couple justement en crise. Deux situations qui nous rappellent combien un appauvrissement de la langue conduit à un fait de crise. Face au pouvoir dominateur de la celle-ci, le théâtre se constitue comme un contre-pouvoir et devient une vérité de "pur présent partagé". L'objet théâtral se veut, certes une réflexion, mais aussi une rencontre avec le public. Voilà le spectateur bien averti! Il aura face à lui un comédien unique au visage et à la parole réjouissants dans une forme agrémentée d'inédits de Guesch Patty. Alors assurément, son personnage dans le spectacle, Olivier Balazuc le tient bien.

La crise commence où finit le langage, du 13 au 15 février, 20h, Théâtre Jean Dasté


<< article précédent
Il y en aura pour tous