Le super-bolide de Chelyabinsk

Le 15 février dernier, au-dessus de la Russie, un météoroïde a fait son entrée dans l'atmosphère terrestre. Le bolide a été suivi d'une énorme déflagration qui a soufflé les vitres de nombreux immeubles de la ville de Chelyabinsk, à 1.500 km à l'est de Moscou. Éric Frappa, directeur scientifique du planétarium de Saint-Étienne


Le 15 février 2013, au lever du jour dans le sud de l'Oural (à 4h20 heure française), les habitants de la région ont observé pendant 16 secondes un super-bolide dont la luminosité maximale a atteint celle du Soleil. Le météoroïde, dont la taille est estimée à 17 m, est entré à 18 km/s dans l'atmosphère terrestre. Le phénomène lumineux, dont la trajectoire s'est étendue sur 254 km, s'est produit entre 92 et 15 km d'altitude avec une fragmentation sévère de l'objet à partir de 32 km. Il s'en est suivi la formation d'une onde de choc qui a occasionné de nombreux dégâts et blessés légers lorsqu'elle a atteint le sol, notamment dans la ville de Chelyabinsk. L'événement a donné lieu à une chute de météorites dont le plus gros fragment serait tombé dans le lac gelé de Chebarkul, 70 km à l'ouest de Chelyabinsk, à la surface duquel on observe un trou circulaire de 6 m de diamètre. La masse nécessaire pour découper ce trou est estimée entre 200 et 500 kg. Des centaines de fragments inférieurs au centimètre ont été récoltés dans la région mais un morceau d'environ 2 kg a été découvert le 25 février.

La plus grosse entrée atmosphérique depuis 1908

Avec une énergie dissipée de l'ordre de 500 kilotonnes de TNT (30 fois la bombe d'Hiroshima), cet événement deviendrait la plus grosse entrée atmosphérique depuis celle de la Toungouska le 30 juin 1908, dont le souffle avait détruit 2150 kilomètres carrés de forêt sibérienne. La taille du météoroïde avait alors été estimée entre 50 et 100 m ! La probabilité d'un impact comme celui du 15 février est d'un événement tous les 50 ans (pour la Toungouska, c'est environ 1 tous les 3000 ans). L'objet n'a pas été détecté à l'avance car il est suffisamment petit pour pouvoir échapper aux programmes de surveillance. À noter que le même jour l'astéroïde 2012 DA14, prévu celui-là, est passé à seulement 28.000 km de la Terre (c'est-à-dire plus près que les satellites météo) mais la comparaison de son orbite avec celle calculée pour le super-bolide de Chelyabinsk a montré qu'ils ne sont pas reliés entre eux.


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