Douce France

Quand un des meilleurs guitariste-jazz de l'hexagone accompagné par deux immenses musiciens s'attaque à la chanson française… Rendez-vous au FIL le 7 avril avec la triplette Winsberg-Huchard-Regard. Niko Rodamel


Est-il bien utile de présenter encore le guitariste Louis Winsberg, figure de proue dans la folle aventure SIXUN (neuf albums enregistrés avec Jean-Pierre Como et Paco Sery, excusez du peu) ? Pour les spécialistes, sans doute pas. Le musicien est sans cesse sur les routes avec les différents projets qu'il a souvent initiés, toujours réclamés sur les scènes de la France entière. Après le beau succès de Jaléo qui dressait des ponts entre jazz, flamenco et musique indienne, les accents arabo-andalous de “Marseille Marseille” (clin d'oeil trente ans après New-York New-York) résonnent encore un peu partout dans le pays depuis 2010. C'est bien sûr la somme de toutes ces experiences musicales qui fait toute la richesse du jeu de Winsberg et renouvelle son inspiration. Entre âme flamenca et influences tournées vers l'Afrique et l'Orient, le guitariste a su synthétiser toutes les influences de ses rencontres. Après une tournée avec la chanteuse Maurane l'an passé, l'increvable archer n'en a pas pour autant délaissé une autre de ses plus belles cordes, le trio Douce France.

Standards dé-standardisés

Suite à sa collaboration avec Deedee Bridgewater en 2004, Winsberg a poursuivi sa relecture des auteurs et interprètes français. Au-delà de plusieurs titres de Brassens (Les amoureux des bancs publics, La mauvaise réputation…), Douce France reprend quelques classiques parmi les classiques (Le sud de Nino Ferrer, Ma préférence de Julien Clerc…), mais puise également dans le repertoire d'auteurs plus contemporains comme Laurent Voulzy (Belle île en mer). Le binôme guitare-contrebasse livre par exemple une subtile reprise du tube de William Sheller (Un homme heureux) dans laquelle Louis Winsberg et Jérôme Regard se renvoient le thème principal avec une musicalité qui force le respect. Car il faut le dire, on peut parfois s'attendre au pire lorsque l'on s'apprête à écouter des reprises jazzy de chansons françaises, on peut craindre quelques fois de s'assoupir à la troisième minute, ou au contraire de pouffer de rire devant le manque d'inventivité. Ici, rien de tout ça. Même les standards de Nougaro-sur-swing (Dansez sur moi, Le jazz et la java) sont intelligemment dé-standardisés, donnant lieu à une interpretation singulière. Ce trio-là Môssieur, c'est de la musique dans un écrin, du bonheur pour les tympans.

Louis Winsberg Trio Douce France
Le FIL, 20 boulevard Thiers à Saint-Étienne
Dimanche 7 avril 2013, 18h


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Primo Vere