L'Opéra-théâtre de Saint-Etienne propose un festival orienté vers un public adolescent. Théâtre et danse participative jalonnent une programmation dans laquelle on retrouvera un hommage à Pina Bausch. Côté théâtre, Quartier lointain, une pièce venu de la planète manga, nous conte la rencontre d'un homme avec sa propre histoire.
La compagnie STT (Super trop top) sera au centre de la programmation de la première édition du festival génération buzz. Ainsi c'est une nouvelle fois dans le manga que le théâtre a trouvé son inspiration. On se souvient de l'énorme performance War sum up durant le festival Nouveau Siècle. A en croire qe le manga japonais possède une poétique telle que le théâtre y trouve le terreau du renouvellement de son actualité. Cette fois-ci c'est l'oeuvre de Jirô Taniguchi qui fait office de vecteur d'inspiration. Le quarter lointain évoqué est très certainement celui de l'adolescence. Un moment de sa vie retrouvé au détour d'un voyage en train qui au lieu de ramener le personnage principal chez lui le soir en rentrant du boulot, le mènera dans son village d'enfance. Le stratagème anachronique fonctionne à merveille dans une mise en scène qui, sans reproduire la BD, en traduit parfaitement l'esprit, à savoir: la gentillesse. Un terme qu'il fait bon d'entendre. Surtout quand il s'agit de l'apprécier non pas dans le sens facile de la niaiserie mais dans son acception recquierant plus de noblesse, c'est-à-dire la bienveillance.
La bienveillance de retrouver l'adolescent qui permettra peut-être de mieux accepter l'adulte devenu. La vie coule et souvent on ne s'en aperçoit pas. On réalise qu'on a loupé le coche et on voudrait reculer la bande pour saisir ce moment où l'on aurait compris qu'on pouvait saisir le déroulement de sa vie en pleine conscience. Quand tout espoir est perdu, le texte de "quartier lointain" le suggère et le réveille. Le héros s'arrête un temps pour retrouver les souvenirs du passé. Il s'agira alors d'éprouver de la gentillesse à son égard. Car si l'adulte est révélé par l'adolescent, il faut savoir saisir ce dernier avec la bienveillance qu'il nécessite. Car face à lui il y a le drame familial, magnifiquement géré théâtralement. Ce festival est une belle tentative de secouer la jeunesse, comme ce projet autour de Pina Bausch avec "Dansez le sacre". Ainsi le jeune ne s'endormira pas. Cela rassurerait le prof de maths du Péril jeune qui nous disait que "le jeune est tourné vers l'avenir, mais aujourd'hui l'avenir ne se tourne plus vers le jeune".
Quartier lointain, 5 avril, 20h, Grand Théâtre Massenet