Pour un sacre à Cali

Inventée par les Portoricains à New-York dans les années 70, la salsa, mot qui signifie "sauce" en référence à un mélange de danses, a depuis déferlé en France comme une fièvre. Un jeune couple stéphanois sélectionné pour les mondiaux de salsa en Colombie va défendre les couleurs de la France, du 24 au 29 juillet. Monique Bonnefond


Alexia est entrée dans la danse dès avant sa naissance. En effet, quand ses parents, Nadine et Gilles Villemagne, au cours d'une soirée de leur école de danse, en mars 94, évoluaient sur la piste, elle était déjà là puisqu'elle est née le 18 août. Sensibilisée très tôt à cette autre façon de parler de soi qu'est la danse, elle a grandi dans cet univers qui constituait son environnement familier. C'est vers l'âge de sept ans qu'elle a fait ses débuts avec sa maman qui l'a intégrée dans un cours groupé le mercredi. Puis, avec Jean-Alexandre, son premier partenaire, elle a participé aux soirées de gala pendant sept ans.

Alexia a commencé la compétition au sein de la fédération française de danse. Elle a connu alors les difficultés que rencontre tout sportif de haut niveau pour concilier : études, entraînements, déplacements, compétitions. Elle a trouvé en Jordan Mouillerac, son partenaire actuel depuis presque deux ans, un danseur avec qui elle peut exprimer ses émotions, affirmer sa personnalité, sa place, car la danse va bien au-delà de la simple performance. Derrière les pas et les figures se joue une aventure singulière. L'identité se mesure à l'aune de l'altérité. Au travers différents codes gestuels, on s'identifie, on se distingue, on se synchronise. Si l'homme guide, la femme est loin d'être passive.

Chacun apprend à trouver sa place. Alexia et Jordan ont été finalistes au championnat de France de danse “dix danses“ et au championnat de France “latines“ en 2013. Ils ont privilégié les latines (samba, cha-cha, rumba, paso-doble jive) plutôt que les standards (valse lente, valse viennoise, tango, slow-fox, quick-step) à cause d'un problème de taille, Jordan mesurant 30 cm de plus qu'Alexia ce qui pose un problème, non pas d'esthétique mais de positionnement des corps.Ces deux surdoués se préparent activement pour aller défier les calénos. Ils vont tous les vendredis à Paris s'entraîner avec Jasmin et Gaëlle Cliford de la compagnie Salsabor, ce qui représente un gros investissement en temps, argent et énergie. Alexia et Jordan ont été vainqueurs des deux coupes de France de salsa en 2012. De Saint-Etienne à Cali, capitale mondiale de la salsa, la route est longue mais c'est déjà prodigieux.


<< article précédent
Les marionnettes de l’air