Ce nouvel album marque-t-il votre retour définitif sur la scène rap française ?
Ce que je sais, c'est que je veux ramener le rap à ce qui a fait ses fondements. Le rap comme je l'ai connu c'est un véritable chanteur, de vrais textes. Je veux retrouver le rap comme je l'ai aimé…
Justement, quelle est votre vision de cette scène rap ? Est-ce que le fait d'avoir intitulé votre album "Dernier MC" signifie que vous avez de plus en plus de mal à croire au rap français ?
Je ne me retrouve pas du tout dans ce qui se fait actuellement. Pour plusieurs raisons. D'abord l'âge, nous ne sommes pas de la même génération, mais surtout le discours dans lequel je ne me retrouve pas… Sur des scènes comme ce soir (avec Psy4 de la Rime, ndlr) c'est une ambiance qu'on fait passer, les gens sont là pour passer un bon moment, ressentir des émotions. Mais mon travail est une démarche sur le long terme, mes albums sont là pour ça… Je fais passer un message à ceux qui ont déjà le disque, les concerts c'est différent.
Sur scène, vous êtes attaché à être entouré de musiciens et non pas seulement un Dj et deux platines…
En fait, j'ai goûté au travail avec de vrais musiciens, et de vrais instruments, et après ça c'est difficile de revenir en arrière… Je ne dis pas que les platines ne sont pas bien, mais ce n'est pas le même travail. Avec des musiciens on est toujours en train de trouver de nouveaux trucs.
Pourriez-vous nous parler du projet La Ligue avec Youssoupha et Médine ? Un album ensemble prochainement ?
Oui ! Nous avons en fait le projet de former un groupe, un “posse“ qui sera amené à évoluer dans le temps, et qui pourrait même accueillir Tunisiano. Nous avons une même vision du rap et de ce à quoi il doit servir. C'est intéressant surtout parce que le fait de travailler ensemble va nous obliger à augmenter le niveau, à travailler plus.
Cet album, à l'image du titre "constat amer" offre une vision assez dure de la société dans laquelle nous vivons, mais réaliste. Restez-vous quand même optimiste pour l'avenir ?
Bien sûr ! Le fait même d'écrire est une preuve d'espoir. Je sais qu'on peut encore changer la société. Un des titres de l'album s'appelle À l'Horizon, ce n'est pas pour rien. C'est même exactement ça, une vision positive de l'avenir qui me pousse à continuer à écrire. J'ai un peu l'ambition de vacciner les gens qui ne seraient pas encore trop atteints par la manipulation médiatique. Je dis souvent «considérez vos cœurs comme une forteresse» et ne les laissez pas y entrer !