Une royale déculottée


On aime quand été rime avec Bâtie d'Urfé. Et cela est encore plus plaisant si c'est pour y voir un roi dans sa plus stricte intimité. En mettant en scène Le Roi nu d'Evgueni Schwartz, Le Souffleur de Verre, duo composé de Julien Rocha et Cédric Veschambre, s'attèle à un des plus grands textes du panthéon théâtral. Ne serait-ce que parce que cette pièce écrite en 1934 fut interdite avant même d'être montée – tandis qu'Evgueni Schwartz annonçait Hitler, la censure soviétique reconnaissait Staline. Aujourd'hui les colosses aux pieds d'argile sont soi-disant effondrés. On croit pourtant les voir remodelés dans les orifices de la démocratie, à grands coups de fibres numériques. Car c'est bel et bien de la problématique de la liberté dont il est question. Que reste-t-il si celle-ci est bafouée et aseptisée ? Il semblerait que l'on doive se satisfaire d'un droit de rêver. Le temps d'une représentation théâtrale par exemple, où un héros populaire, brave porcher, secondé par son fidèle stratège d'ami, trace la voie qui permettra de dénoncer l'injustice et la perfidie. Et cela au nom d'une noble cause : celle de l'amour. Un amour devenu une anomalie, qui s'exprimerait dans une forme théâtrale conçue comme une possibilité de redéfinir la liberté. Impliquant le vivier amateur du territoire et faisant la part belle aux costumes et à la musique, ce spectacle promet de redonner de la matière à penser.

Le Roi nu, au festival L'Estival de la Bâtie, à Saint-Étienne
Le Molard, du jeudi 4 au samedi 6 juillet


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