Florilège de danses au pays d'Astrée

Le centième anniversaire du Sacre du printemps donne l'occasion à Victor Ullate de «revisiter ce classique», vilipendé à sa création et, en l'accompagnant de deux autres pièces, de remonter le cours de l'histoire de la danse. Monique Bonnefond


«Tout chorégraphe a un sacre en lui» a dit Victor Ullate. Si tel est le cas, quelle sorte de sacre a pu porter cet espagnol, ancien danseur étoile du Béjart Ballet du xxe siecle, aujourd'hui à la tête du Ballet Victor Ullate de Madrid, une des plus grandes compagnies européennes, de renommée internationale ? Lente maturation intérieure au cours des diverses pérégrinations de cette figure espagnole du ballet classique qu'il a contribué toute sa vie à faire connaître et à diffuser, qui, après une longue gestation aboutit à l'enfantement d'un nouveau Sacre présenté au cœur de l'exceptionnel cadre Renaissance du château de la Bâtie d'Urfé.

Cent ans de renaissance

Les «sacres» sont nombreux, surtout avec la célébration des cent ans du chef-d'œuvre de Stravinski, considéré maintenant comme l'une des plus belles chorégraphies du xxe siècle, alors qu'il avait été vilipendé à sa création au théâtre des Champs-Elysées, le 29 mai 1913. S'attaquer à cet Himalaya qu'est le Sacre du Printemps relève presque du défi, après qu'il ait atteint les sommets de l'art avec des chorégraphes aussi talentueux que Maurice Béjart ou Pina Bausch dont le Sacre a enflammé tous les publics et plus récemment Sacha Waltz avec sa création qui a connu un véritable triomphe, précisément au théâtre des Champs-Elysées. Victor Ullate, exigeant quant aux techniques et à la maîtrise dans la danse classique, s'ouvre à des styles plus contemporains dans les créations, ce qui lui permet de renouveler le genre du ballet. «Son» Sacre, création qui s'inscrit plus dans la modernité, dans l'urbain, le style «West Side Story» remet au goût du jour ce ballet fondateur de la danse contemporaine. Il est suivi de deux autres pièces avec lesquelles il forme un ensemble qui permet de voir comment la danse contemporaine a évolué en cent ans. Y, inspiré des poèmes du Compagnon Errant de Gustave Mahler donne à voir dans un style néo-classique, un surprenant duo masculin. Et pour clore ce spectacle, Victor Ullate nous offre, avec Jaléos, un vrai joyau. Pièce classique de référence de la compagnie, ce petit bijou, par sa virtuosité, son énergie et une technique parfaite vient magnifier un moment d'exception dans ce cadre unique de la Bastie.

Le Sacre du printemps
Château de la Bastie d'Urfé
mercredi 17 et jeudi 18 juillet à 21h15


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