Un conte de fée pontempeyresque

Le 28 septembre prochain se tiendra la septième édition du festival "Les Pontempeyresques". Il demeure un signe d'espoir pour la création théâtrale contemporaine. Même s'il faut pour cela en passer par la poésie écorchée de Nadège Prugnard. Grégory Bonnefont


Nadège Prugnard sera de nouveau de la partie cette année à Pontempeyrat. On avait pu apprécier l'année passée le spectacle Les pendus de la compagnie Kumulus qu'elle avait écrit. Les corps se sont balancés. Les larmes ont coulé. Les mots ont vibré. Car voilà ce qu'on aime chez elle, c'est son "écriture de l'acteur". Quelque chose qui contrebalance, allez disons-le, qui serait comme un doigt levé bien haut à un théâtre trop bourgeois, faisant trop peu place, selon elle, à la parole contemporaine. L'oeuvre présentée cette année a un titre fort en couleur. Avec Le ciel rouge n'a plus soif, l'auteur, metteur en scène et actrice s'associe à un autre écorché vif, Géraud Blastar. Armé d'une guitare, celui qui a des faux airs de Jamie Hince, le chanteur des Kills, se réclame sur scène du marteau et de l'enclume d'Héphaïstos (premier dieu communiste !). Et ça va frapper sur scène ! Car voyez-vous, l'exercice est périlleux et risqué de balancer du texte, dit théâtral, avec deux micros, histoire de faire rock. Olivier Balazuc n'a pas sauvé la crise en faisant appel à Guesch Patty. Mais là, on se dit que ça marche, parce que le rock et le théâtre ont baisé à l'intérieur des corps.

Quoi ce mot qui n'arrive plus à lever les corps

Dans ce conte glam'rock, il y a bien une princesse et il y a bien un grand méchant loup. Sauf que la princesse est fringuée comme une nana qui aurait trop bu des Mojitos de Jérémy au Little soba et le grand méchant loup a enfilé un perfecto. Des personnages rock, punk, ceux qui ont aussi l'âge du crédit de la maison a remboursé, les études des mômes et les pensions alimentaires à payer, mais qui pourtant interrogent une société dans sa capacité à se lever, s'indigner, exister. Sur des rifs qui rappellent le duo Serge Teyssot-Gay et Marc Sens de Zone-Libre, Nadège Prugnard n'aurait elle rien à envier à Casey. Sa parole, c'est sa voix et sa voix c'est son âme, celle d'une femme, dont le coeur bat et le poing ne se baisse pas. De la résistance à l'état pur face à l'ennui de voir les choses se faire dans notre société sans rien dire. Alors bien sûr c'est pas divertissant-tissant, quoiqu'au début il y a un masque de loup, mais bon sang que ça réveille ! Ca réveille quoi ? Le chant des possibles, tu connais ?

Le ciel rouge n'a plus soif, Hostellerie de Pontempeyrat, samedi 28 septembre à 19h

 


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