Some dates to Tchekhov

La saison qui s'annonce promet des loupés et des flops, mais aussi de très agréables surprises. Et c'est du côté de la Belgique qu'il faudra aller les chercher. Elles auront comme ambassade Saint-Chamond et L'Horme qui accueilleront respectivement "La nostalgie de l'avenir" et "Le signal du promeneur". Grégory Bonnefont


Saint-Chamond, cette plate ville qui est la mienne, où la cheminée industrielle est l'unique montagne (non je déconne, il y a le Pilat aussi et le chemin de la caille annoncé avec une pente de 5% !), verra en janvier passer une mouette venue tout droit de la Mer du Nord mais surtout débarquée du théâtre de Tchekhov. Dans une adaptation menée par la metteur en scène Myriam Saduis, qui a reçu le prix de la critique de la presse belge en 2012, Tchekhov retrouve ainsi un temps de contemporanéité dans la version traduite par Antoine Vitez. C'est ainsi que ce dernier a également inspiré Myriam Saduis pour ce titre qui a lui seul est déjà une oeuvre poétique : "C'est une nostalgie qui nous attire-là. On pourrait dire la nostalgie de l'avenir. L'endroit provoque la recherche de formes nouvelles, comme d'autres endroits demandent le retour aux formes anciennes et l'hommage du passé". Car voilà de quoi il sera question au travers des histoires d'amour de Nina, Trigorine et Konstantin, de théâtre et de l'existentialisme. Celui-ci que Damien Houssier avait su mettre en scène dans sa propre adaptation de La mouette avec le monologue "elle devrait déjà être là". La mise en scène de Myriam Saduis est belle et forte car d'aujourd'hui. Il ne restera plus qu'à démêler les anachronismes pour s'enrober de cette nostalgie de l'avenir.

La loi du marcheur boisée

Le Raoul collectif, quant à lui, formé de jeunes acteurs tout droit sortis du Conservatoire de Liège, fera escale en mars à L'Horme. Dans le signal du promeneur, on voit ce groupe de jeunes hommes, dont on croirait, à les voir vêtus de K-Way, qu'ils ont rencontré la sorcière de Blair Witch. Alors qu'ils ne sont là que pour nous remémorer l'écho lointain et forestier de Fritz Zom ou Henry-David Thoreau : "S'il nous arrive de ne point marcher au pas de nos compagnons, la raison n'en est-elle pas que nous entendons le son d'un tambour différent". Tout un programme à mener, autour d'un piano et cette capacité à jongler avec tous les styles de théâtre afin de mieux revisiter ces penseurs (Pérec...), les jusqu'au-boutistes de la conscience, ceux qui entretiennent la flamme quitte à se brûler avec. De voir la jeunesse briller avec autant d'éclat ne peut être qu'un signe propice pour l'avenir, avec ou sans sa nostalgie. Si ce jour-là, il pleut, vous saurez au moins qu'une autre promenade dominicale vous attend. Et ça ce n'était pas une blague belge !

La nostalgie de l'avenir, salle Aristide Briand de Saint-Chamond, mardi 21 janvier 2014 à 20h30

Le signal du promeneur, Espace culturel La Buire de L'Horme, vendredi 21 mars à 20h30 + L'Echappée de Sorbiers, samedi 22 mars à 20h30


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