9 mois ferme

De et avec Albert Dupontel (Fr, 1h21) avec Sandrine Kiberlain, Nicolas Marié…


Annoncé comme le retour de Dupontel à la comédie mordante après le mal nommé Le Vilain, 9 mois ferme s'avère une relative déception, confirmant au contraire que son auteur ne sait plus trop où il veut amener son cinéma. Il y a certes beaucoup d'excès en tout genre, une caméra déchaînée et quelques passages ouvertement gore, mais aussi des choses beaucoup plus prévisibles, sinon rassurantes. Il y a surtout un mélange de registres comiques dont le moins que l'on puisse dire est qu'ils sont loin de tous fonctionner.

Ce que Dupontel réussit le mieux, c'est le grotesque, le gag énorme basé sur la surenchère — le passage hilarant de la vidéo surveillance avec Bouli Lanners en est le meilleur exemple. Mais le cartoon live ou, à l'opposé, la comédie de caractère, ne trouvent jamais leur ton ni leur rythme. Dupontel reprend son personnage habituel et, malgré de louables efforts pour se couler dans le moule délirant de l'auteur-réalisateur, Kiberlain manque de ce grain de folie qui emporterait le morceau.

Enfin, dans cette farce où une avocate se retrouve enceinte d'un serial killer après une nuit de biture, Dupontel puise une part de son inspiration dans 10e chambre, film qui le fascine depuis longtemps. De l'avocat bègue à la juge incarnée par la vraie juge du documentaire de Depardon — géniale en vraie, peu convaincante en tant que comédienne —, cette référence s'avère écrasante et joue au détriment de 9 mois ferme, comme si la réalité était à la fois plus drôle et plus acide que tous les gags inventés par Dupontel…

Christophe Chabert


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Omar