La Famille Addams s'invite chez Montherlant


Demain il fera jour fut presque interdite à sa création en 1949. La pièce n'est pas la plus connue de Montherlant dont l'œuvre est quelque peu boudée par la scène française. A tort sans doute car la langue est belle, en atteste sa célèbre Reine Morte. Ce si poétique titre - Demain il fera jour - annonce la triste fin de son auteur. Près de vingt ans après, Henry Million de Montherlant se suicide à l'équinoxe de septembre, où le jour égale la nuit. Derrière la mise en scène et sur le plateau, un ovni théâtral génial : Michel Fau. Qui se fiche des modes. Il est touché par l'écrivain, un point c'est tout. Le comédien est connu parce que talentueux et décalé, follement, furieusement. Pour preuve, sa prestation aux Molières 2011 où il interprétait Quelqu'un m'a dit de Carla B en drag queen d'opéra. Il faut dire qu'il fait partie d'une sacrée famille : Olivier Py, Jean-Michel Rabeux…

Sa mise en scène et son jeu aux allures expressionnistes allemandes insufflent du Murnau à la pièce, mêlent l'inquiétant à l'oppressant. Fau à des airs de Gomez Addams. Sa Morticia est Léa Drucker, cousine de Marie et nièce de Michel. Ici pas de Mercredi, Pugsley n'est pas un petit gros bizarre mais un beau jeune homme voulant s'engager dans la Résistance. Le putride se trouve dans la fable : un avocat menacé à l'approche de la Libération encourage son fils à entrer dans le réseau clandestin espérant ainsi laver l'opprobre. Sujet que Montherlant connaît bien, soupçonné un temps de collaboration.

Demain il fera jour, à l'Opéra-Théatre de Saint-Etienne le vendredi 15 novembre à 20 h


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