Capitaine Fracasse


Que le nouvel album de Keziah Jones soit un des événements musicaux de cette fin d'année 2013 semble faire l'unanimité. Cinq ans après Nigerian Wood, l'artiste nous revient avec une grosse dizaine de titres qui confirment que l'énergie est toujours là, que la musique de Keziah Jones continue de s'enrichir d'inspirations diverses et que l'engagement politique du chanteur est également intact. Comme l'on fait avant lui moult musiciens de David Bowie à -M-, l'artiste se présente sous les traits d'un super-héros afro, Captain Rugged, son double franchement déjanté.

Avant même de mettre la galette dans le lecteur, le packaging excite la rétine par son exubérance en faisant notamment klaxonner les couleurs tous azimuts. Avec sa nouvelle coupe façon Grace Jones, le Capitaine Fracasse, guitare en main et toutes tablettes dehors, pose fièrement sur le toit d'une voiture jaune flashy, au beau milieu d'une rue de Lagos. «J'ai depuis très longtemps ce personnage en tête, c'est un super-héros un peu dingue, une satire sur le pouvoir et la politique en général. C'est aussi une sorte d'hommage aux Supermen africains, les “robustes“ qui ont survécu à l'exil. Me mettre dans la peau d'un autre et de jouer à fond un personnage me permet de vraiment faire le show ! » Enregistré entre Londres et Paris puis mixé à New York, Captain Rugged confirme que Keziah Jones sait marier comme personne l'afrobeat et le funk : le métissage des cultures y demeure le principe central, les influences y sont nombreuses, se complètent et s'enrichissent les unes les autres, le Blufunk restant un savant mélange de soul et de funk, de blues et de rock avec bien entendu cette patte africaine qui fait que les rythmes vous prennent aux trippes et vous font irrésistiblement décoller les semelles !

Niko Rodamel


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Blufunk is back !