La comète ISON a fait pschitt !

Annoncée comme une potentielle comète du siècle, C/2012 S1 (ISON) s'est désintégrée lors de son passage rapproché du soleil le 28 novembre. Elle ne deviendra pas l'objet spectaculaire attendu dans le ciel du matin, en ce début décembre. Éric Frappa, directeur scientifique du Planétarium de Saint-Étienne


Découverte le 21 septembre 2012 par des astronomes russes utilisant le télescope de l'International Scientific Optical Network (ISON), cette comète provenait du lointain nuage de Oort, un immense réservoir enveloppant le système solaire jusqu'à mi-distance des étoiles les plus proches. Située sur une orbite hyperbolique, c'était son premier et unique passage près du Soleil avant qu'elle ne soit éjectée dans l'espace interstellaire. Double intérêt pour les astronomes : l'étude d'une nouvelle comète contenant des matériaux inchangés depuis 4.5 milliards d'années et la promesse d'un astre potentiellement visible à l'œil nu avec un passage à seulement 1 million de km de la surface solaire. L'approche préliminaire de la comète ISON a d'abord comblé les amateurs : à coup de sursauts d'éclat dus à des fragmentations mineures, elle a donné de belles images (rappelant la comète Hyakutake de 1997) avant de plonger dans la lumière aveuglante de l'astre du jour. Les satellites solaires ont alors pris le relais.

Scénario à rebondissements au périhélie

En entrant dans le champ des coronographes C3 puis C2 de la sonde SOHO, la comète était lumineuse. Mais juste avant de disparaître derrière le cache solaire de l'instrument C2, elle est devenue subitement très faible. Pire, sur les images du SDO, autre sonde solaire spécialement dépointée pour l'occasion afin de visionner l'arrivée de la comète au ras du Soleil,  plus rien du tout ! Après quelques heures d'attente, alors qu'on annonçait la désintégration totale de l'astre, le voilà qui réapparaît dans le champ des coronographes de SOHO ! Réapparition certes, mais très affaiblie. Le noyau de la comète s'est probablement disloqué juste avant son périhélie (passage au plus près du Soleil), perdant tous ses éléments volatiles. Seul un nuage de poussières résiduelles est parvenu à ressortir de l'autre côté, survivant aux 2700°C de son approche finale. Devenue comète sans tête, ISON se dilue désormais dans l'espace. Sachant que c'est souvent après le périhélie que les comètes sont spectaculaires, ISON a donc fait pschitt trop tôt !

Légende : ISON avant et après le périhélie, sur les images du coronographe LASCO C2 (le rond blanc matérialise le Soleil derrière le cache) du satellite SOHO


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