Dyptik : rencontre et complémentarité

La rencontre de la France et du Mali, deux pays, deux cultures, deux mondes distincts. Cela conduit Souhail Marchiche & Mehdi Meghari à poursuivre la réflexion entamée avec «En Quête» sur le thème du déracinement, premier volet du diptyque, et à aboutir tout naturellement avec «Dyptik» au deuxième plan : le problème de l'identité


Le jeu de mots entre «Dyptik», aussi titre éponyme de la compagnie, et diptyque (œuvre de peinture ou de sculpture composée de deux panneaux dont les sujets se regardent et se complètent) éclaire d'emblée le thème du spectacle. Qui sommes-nous ? Qu'est-ce qui nous définit aux yeux du monde, à nos propres yeux, qui fait qu'on est reconnu pour ce qu'on est ? La notion d'identité est au croisement de la sociologie et de la psychologie mais elle intéresse aussi la biologie, la philosophie et la géographie. Elle soulève des problèmes complexes, touche des points sensibles qui peuvent déclencher des réactions très vives comme les attaques virulentes qu'a connues Alain Finkielkraut, à propos de son livre L'identité malheureuse, à qui l'on reproche de vouloir promouvoir une seule identité, l'identité française.

France et Mali face à face

Quatre danseurs maliens de la compagnie Dogmen G et quatre danseurs français : deux filles recrutées grâce à des auditions et deux garçons de la compagnie Dyptik se rencontrent, s'observent. Les Stéphanois découvrent le regard que portent les danseurs maliens sur le hip-hop et la danse, l'humilité des Maliens, leur maturité dans la danse. Ils sont dans l'écoute et encore dans l'essence de la danse. Alors qu'en France on se spécialise, on colle des étiquettes hip-hop, breakers, au Mali, la danse est abordée dans sa globalité. Dès lors, comment apprivoiser les différences pour mieux se comprendre ? Comment, avec nos identités différentes, construire une identité artistique ? «Ebranlés par nos différences, on s'est aussi découvert des points communs : des racines ailleurs que le pays où l'on vit, des similitudes dans nos parcours de danseurs professionnels, notre façon d'aborder la création...». A partir de là, le dialogue, l'échange s'instaurent. A travers le mouvement qui se fluidifie jusqu'à ce que les gestes de l'un prolongent ceux de l'autre, la dualité des approches s'estompe pour céder la place à une identité artistique commune qui repose sur le fait que la danse, comme la musique, est un langage universel qui se joue des différences. En prolongement d'En Quête, la compagnie Dyptik propose ici une quête identitaire et prépare, parallèlement, un projet d'envergure avec sa troisième participation au défilé de la Biennale de la danse : elle n'a pas fini de faire parler d'elle !

Dyptik, au Centre culturel de La Ricamarie, les 27 et 28 février 20h30


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Ida