Va ! Laisse coupler mes larmes !


Contrairement à Charlotte, n'hésitons pas à succomber à notre amour pour Werther ! L'opéra Werther s'entend... Car plus que le texte épistolaire de Goethe, dont l'intérêt historique reste incontournable, c'est la musique de Jules Massenet qui transcende le premier grand best-seller européen, ayant «causé plus de suicides que la plus belle femme du monde» selon Mme de Staël. Faut-il s'étonner que cette oeuvre -référent émotionnel ultérieur du Romantisme - soit devenue, grâce à trois librettistes, l'opéra du génial stéphanois le plus joué dans le monde ? Car Werther continue d'occuper le haut de l'affiche dans sa version française. C'est en effet à Vienne en 1892 qu'eut lieu la première. Massenet, angoissé chronique, ayant été «interdit de répétition», rapporte dans sa correspondance : «L'instrumentation est pleine de choses que je n'ai jamais faites (...) Ce sera très bien ou très faible». Le fait que le public parisien ait boudé l'ouvrage en 1893 confirma un succès mondial, qui depuis ne s'est jamais démenti... «Est-ce bien moi qui ai écrit cela ?» consignera-t-il dans Mes Souvenirs. Pour fêter le chef-d'oeuvre, les Stéphanois pourront écouter deux productions : celle mise en scène par le talentueux Laurent Fréchuret à l'Opéra-Théâtre, et la version du Met, avec «le» Werther qui a redéfini scéniquement et vocalement ce rôle : l'extra-terrestre Jonas Kaufmann.

Alain Koenig

Werther de Massenet, du 21 au 25 mars à l'Opéra-Théâtre de Saint-Etienne, et le 15 mars au Cinéma Gaumont

 

Photo : Laurent Fréchuret, metteur en scène


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