Carte blanche à une marche blanche fascinante

C'est une chance inespérée d'accueillir sur une scène stéphanoise la très singulière compagnie norvégienne Carte Blanche. Elle présente un spectacle fascinant pour lequel Bruno Heyndericks (qui n'est pas chorégraphe mais dirige ce corps de ballet national tourné vers la danse contemporaine) a fait appel à une femme, ce qui est plutôt rare, la talentueuse danseuse et chorégraphe israélienne Sharon Eyal régulièrement sollicitée par la compagnie israélienne Batsheva de Tel-Aviv. Monique Bonnefond


La danse, ce sont des corps qui bougent. Sharon Eyal est partie du mouvement le plus commun qui soit : la marche, d'où le titre Corps de walk. Elle joue sur la marche dont elle dit qu'elle est «la nouvelle danse». Son «langage du mouvement», dans ce ballet, est un langage particulier avec des gestes ronds et une puissance visuelle impressionnante. Tous les danseurs ont les cheveux blanchis, la peau blanchie et même des lentilles de contact blanches. Des tenues blanches recouvrent, comme une seconde peau, tous les muscles des corps d'où émane, au son de la musique électronique de DJ Ori Lichtik, une sorte d'étrangeté. Tout ceci crée une image surnaturelle. On croirait que les danseurs sont des hommes-robots.

Une danse contemporaine spectaculaire mais très facile d'accès

Il réside ici une proposition de groupe qui se met au service d'une chorégraphe jouant sur une musique forte, sur l'énergie physique très «punchy» des danseurs, sur l'excellence de la technique, sur le décalage entre le collectif et l'individu. Car si les danseurs se meuvent en groupe, l'intégrité de chacun ressort dans une cohésion collective rare. On se trouve dans les ingrédients de bases de la danse contemporaine. Avec Corps de walk, Sharon Eyal nous offre un spectacle percutant de danse contemporaine high-tech mais très facile d'accès pour les jeunes en particulier. Cinquante cinq minutes de pur bonheur pour les yeux. 

Corps de walk, samedi 29 mars à 18h, Opéra-Théâtre de Saint-Etienne


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