Ces deux buts-ci...

Dans « fugues et requiem », le Quatuor Debussy met en lumière la continuité historique dans laquelle s'inscrit le « Requiem » du génial Mozart. Les évolutions chronologiques de « l'art de la fugue » dessinent l'arbre généalogique dans lequel s'insère la transcription de Lichtenthal de 1802. Le requiem, ou maillon de la fugue ? Alain Koenig


Peu d'œuvres ont généré autant de mythes que le célébrissime Requiem de Mozart. Au risque de décevoir les accros du joli film Amadeus, la vérité musicologique reprend ses droits lentement mais sûrement. Musicologue, spécialiste de Mozart, Florence Badol-Bertrand a contribué, à travers de nombreux ouvrages, au rétablissement d'une fiabilité historique souvent galvaudée. Entre une interview sur France Musique et deux « tables rondes » sur Mozart à la Cité de la Musique, elle commente : « aucun des arguments développés dans le film ne résiste à l'évidence des simples constats (...). En 1791, Mozart est un compositeur reconnu et payé en conséquence. Il vient de refuser trois propositions de postes prestigieux et vit dans un appartement confortable au cœur de Vienne. Pour le couronnement de l'empereur (...), on lui commande La Clémence de Titus, on donne son Don Giovanni ; sa musique religieuse accompagne chacune des cérémonies. En outre, on a identifié le commanditaire du Requiem, diagnostiqué les causes de sa mort, (…) et admis qu'il fut inhumé selon les conventions de son rang: dans un tombeau communautaire », explique-t-elle.

Un double objectif

Alors, quelle pourrait être la pertinence d'une transcription pour quatuor à cordes ? Tout d'abord, Mozart lui-même, à l'instar de ses grands aînés pratiquait régulièrement cet exercice, et les exemples de cette activité abondent dans son oeuvre. Enfin, parce que la transcription de 1802 que Lichtenthal propose du chef d'œuvre, a été immortalisée au disque par le Quatuor Debussy chez Decca, enregistrement suivi de nombreux concerts. Florence Badol-Bertrand précise: « Il est évident que Lichtenthal connaît ce répertoire de l'intérieur et ressent profondément ce rapport à l'essence même de l'écriture. La précision de la dimension chambriste et la perfection de réalisation qu'elle permet d'obtenir, tant dans le partage de l'émotion que dans l'exigence technique, révèlent l'évidence (…) : l'épure, comme le chef d'œuvre renvoient au sacré ». L'Art de la fugue de Bach, la Grande Fugue en mi bémol majeur de Beethoven, ainsi que Fuga e misterio de Piazzola, replaceront le Kyrie ou le Quam olim du Requiem dans une perpective d'une rare pertinence.

Quatuor Debussy « Fugues et requiem », samedi 12 avril à 20h, Théâtre du Parc, Andrézieux-Bouthéon.


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