Jouer à l'ombre de Pina Bausch

Play vient couronner une saison danse de l'Opéra-Théâtre riche en spectacles de qualité. Surtout que ceette représentation, réunissant Sidi Larbi Cherkaoui et Shantala Shivalingappa, est dédiée à l'une des plus grandes : Pina Bausch. Monique Bonnefond


Play constitue un événement exceptionnel qui donne lʼoccasion unique de voir réunis deux très grands danseurs. Tout d'abord, le célèbre Sidi Larbi Cherkaoui, danseur et chorégraphe contemporain belge, que lʼon voit (trop) rarement danser chez nous étant donné son emploi du temps de ministre. Ensuite la séduisante Shantala Shivalingappa, interprète spécialiste de danses indiennes. Accompagnés par dʼéminents musiciens issus de la musique ancienne comme de la musique du monde, ils explorent toutes les facettes dʼun jeu dela séduction où plane lʼombre de la grande Pina Bausch qui, juste avant de mourir, leur a demandé de réunir leur talent pour créer un spectacle. Cʼest ainsi quʼest né Play, dʼailleurs dédié à Pina. Elle lance vers lui un geste vif, il frémit de tout son être, elle déchire lʼair dʼune étreinte vigoureuse, sʼinsinue dans lʼombre de son corps, il se dérobe, espiègle, en quelques pas de côté... Elle, cʼest Shantala, danseuse indienne, spécialiste de kuchipudi, danse traditionnelle du Sud-Est de lʼInde, interprète des plus grands : Béjart, Bartabas, Peter Brook au théâtre et interprète lumineuse de premier plan de Pina Bausch. Lui cʼest Sidi Larbi, danseur virtuose, tout en féline souplesse et nerveuses impulsions, repoussant toujours plus loin les limites pour une utilisation totale du corps, chorégraphe insatiable en quête de cultures dʼailleurs.

Rencontre entre deux types de danse

Shantala et Sidi sont le fruit dʼune double culture entre Orient et Occident. Ils se sont rencontrés en 2004 à Wupperthal. Cette rencontre entre deux univers très différents a scellé la conjugaison de leur talent. Depuis ils « jouent » ensemble. Cʼest cette notion de jeu qui est vraiment essentielle dans Play : jeux dʼenfants, de rôles, dʼéchecs, de séduction, de masques et de marionnettes. Ils explorent toutes les facettes du jeu qui se décline en saynètes et duos, tantôt ludiques, tantôt sensuels ou batailleurs, rythmés par le mélange des chants anciens de Patrizia Bovi et Gabriele Miracle et les musiques dʼOlga Wojciechowska et Tsubasa Hori. On joue avec eux et cʼest magique. Embrassant les élans du désir et de la mort, Play tisse une question en filigrane : comment trouver le bonheur ? La méthode en cinq points est expliquée dans le spectacle...

Play, jeudi 24 avril à 20h, Opéra-Théâtre Saint-Etienne


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