Carpenter, à la folie…

En ouverture du festival Underground Hip Hop, hommage à John Carpenter au Méliès avec un de ses plus grands films, L'Antre de la folie, et une soirée Dj's qui rappellera que le cinéaste est aussi un musicien ô combien influent. Christophe Chabert


Alors que sa carrière connaissait des hauts et des bas commerciaux — artistiquement, en revanche, il était toujours au top — John Carpenter avait surpris même les plus fervents de ses fans avec L'Antre de la folie. Un film génial, imparable, parfait, mais surtout une œuvre réflexive où le cinéaste célébrait la puissance de son art. Il y suivait les traces de John Trent — Sam Neill — un privé cynique et agnostique, à la recherche de l'écrivain horrifique volatilisé Sutter Cane, mélange de Stephen King et de H. P. Lovecraft. Une enquête qui va le conduire à l'H. P., justement, où on le découvre au début du film. À la fin, ayant définitivement vrillé face à l'apocalypse qu'il a été incapable d'endiguer, il ira dans une salle de cinéma où l'on diffuse justement L'Antre de la folie, le film que l'on est en train de regarder.

Incroyable mise en abyme où le genre — cinéma fantastique et littérature d'horreur — auront ouvert les portes de l'enfer en une série de visions terrifiantes qui ébranlent le cartésianisme de Trent et provoquent la fascination du spectateur. L'univers fictif imaginé par Sutter Cane finit par devenir réel et l'écrivain lui-même ne sera plus que la page déchirée d'un de ses romans ; inventer l'horreur, c'est aussi la faire advenir, l'implanter dans l'esprit de ceux qui décident d'y croire. L'Antre de la folie, en cela, est un manifeste en faveur de la suspension d'incrédulité.

L'héritage (musical) de Big John

Dans ce film-là comme dans tous ceux qu'il a signés depuis Assaut — exceptions notables : Starman et The Thing, même si la BO de Morricone a sans doute été amendée par quelques morceaux du maître — Carpenter compose lui-même la musique. Autodidacte en la matière, minimaliste dans son approche, tendance synthés jusqu'à Invasion Los Angeles, puis rock par la suite, Carpenter a fasciné toute une génération de Dj's hip hop et de musiciens electro — Air a réédité sa BO de Assaut sur son label, notamment. Pour souligner cet héritage, le festival Underground Hip Hop l'a choisi comme emblème pour ouvrir sa nouvelle édition : dans le café du Méliès après la projection de L'Antre de la folie, une soirée mix réunira donc Agent 202, Izwalito, Jah'zz et un invité surprise à la hauteur, on suppose, de Big John.

Soirée d'ouverture du festival Underground Hip Hop
Au Méliès, vendredi 25 avril à 20h30.


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