Le hip hop sera féminin ou ne sera pas

Le festival Musitecture, organisé par les élèves de l'Ecole d'architecture de Saint-Étienne, fête ses dix ans. Parmi le programme de cette semaine riche en concerts gratuits, le rap féminin s'impose avec deux filles devenues incontournables dans le hip hop contemporain : Gavlyn et Yarah Bravo. Nicolas Bros


Ma première n'est pas une rappeuse à peine tombée du nid. Non, non ! Yarah Bravo est une maîtresse des mots dont le talent a charmé plusieurs artistes de renom depuis plus de dix ans. C'est surtout par ses multiples collaborations avec son Dj Vadim de mari (par exemple sur l'incontournable U.S.S.R. The Art Of Listening ou en formant avec lui et le MC Blu Rum 13 le groupe One Self) ou encore avec le groupe français TTC (Ceci n'est pas un disque) et le duo polonais d'acid-jazz Skalpel qu'elle s'est fait connaître. Il faut dire que la Suédoise d'origine brésilo-chilienne n'a sorti que très peu de productions personnelles hormis l'excellent Good Girls Rarely Make History datant de 2008. Mais cela n'a pas empêcher Yarah Bravo de cultiver depuis toujours une capacité à mélanger les styles sans aller à l'indigestion. Avec elle, le rap et le spoken-word se matinent de touches de groove un tantinet jazzy. Armée d'un flow glissant tout en finesse,   elle apportera une touche de féminité à une soirée marquée notamment par le lancement de l'album Silentium du rappeur stéphanois Eska et à la prestation des coqs hip hop/reggae de l'Entourloop.

La relève du hip hop californien a un nom

Quant à ma seconde, elle est encore toute jeune par son âge mais déjà bien expérimentée dans le domaine musical. Avec trois albums au compteur, Gavlyn est une rappeuse estampillée "made in California" tout en étant très orientée vers l'Europe, continent qu'elle visite régulièrement lors de ses tournées. Avec Gavlyn, on baigne dans un hip hop old school, parfois radical mais fleurant bon l'époque bénie des 90's. Au-delà de son flow au débit finement ciselé, la Californienne peut s'appuyer sur des productions très propres, charpentées par une grosse caisse toujours bien lourde et par des basses bien grasses, composées avec l'aide de son acolyte de toujours Dj Dubplates. Il suffit d'écouter le saillant What I Do ou le très classieux Guilty Pleasure (sur son dernier album Modest Confidence) pour être convaincu par la qualité sonore de cette artiste qui porte un hip hop sans concession et démontre que ce style musical n'est vraiment plus réservé à la gente masculine.

Gavlyn + Nestor Kea, lundi 12 mai à 20h
Yarah Bravo + L'Entourloop + Eska + Bastor, mercredi 14 mai à 20h
Dans le cadre du 10e festival Musitecture du 12 au 17 mai, Ecole Nationale d'Architecture de Saint-Etienne


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