Kepler-186f, une autre planète Terre ?

Découverte par le télescope spatial kepler, 186f rejoint le cercle très fermé des planètes extrasolaires orbitant dans la zone habitable. Autre atout unique : ses dimensions sont quasiment identiques à celles de la terre. Éric Frappa, directeur scientifique du Planétarium de Saint-Étienne


Voilà un des objectifs du programme Kepler atteint : découvrir une planète de la taille de la Terre circulant dans la zone habitable. Détectée par la méthode du transit (quand une planète passe devant son étoile, elle en assombrit très légèrement l'éclat), Kepler-186f tourne autour d'une naine rouge – une étoile plus petite et moins chaude que le Soleil – située à 500 années-lumière de nous dans la constellation du Cygne. Elle est la plus éloignée d'un système de 5 planètes, ce qui la place pourtant à seulement 53 millions de kilomètres de l'étoile, environ à la distance de Mercure au Soleil, dans ce mini « système solaire » très resserré. La basse température de la naine rouge fait que, malgré cette proximité, 186f se trouve dans la zone habitable de son étoile, c'est-à-dire à une distance où la présence d'eau liquide en surface est possible. Parmi la poignée de planètes déjà découvertes dans ces régions potentiellement favorables, la nouvelle venue est celle dont la taille est la plus proche de la Terre puisqu'elle mesure 1.1 diamètre terrestre.

Des caractéristiques favorables mais de nombreuses incertitudes

Kepler-186f a les dimensions de notre planète certes, mais on ne connait pas sa masse – du coup, on n'est pas vraiment sûr qu'elle soit rocheuse ! (même si les modèles de formation tendent ici à le suggérer). Ensuite, qu'une planète soit dans la zone habitable n'implique pas forcément qu'elle abrite effectivement de l'eau liquide : Vénus, la Terre et Mars sont dans la zone habitable du Soleil, mais la Terre est la seule des trois à posséder aujourd'hui de l'eau liquide en surface. L'atmosphère de Vénus est trop épaisse et l'effet de serre y fait régner une température dantesque. Celle de Mars est trop ténue, la pression et la température y sont insuffisantes. Enfin, car tout le monde y pense, qui dit eau liquide ne dit pas forcément vie – même si ce sont là des conditions propices à son apparition et la raison ultime de la recherche de telles planètes. Quoi qu'il en soit, cette découverte est passionnante. Elle indique qu'il existe des milliards de « planètes Terre » dans la Galaxie qui n'attendent que le progrès des techniques de détection pour livrer tous leurs secrets !

 

Légende du visuel : Vue d'artiste de la planète Kepler-186f


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