Wang Luyan, artiste des paradoxes


Un peu d'autosatisfaction régionale pour commencer : alors que l'hiver dernier Paris découvrait l'œuvre du peintre chinois Zeng Fanzhi, les Stéphanois la connaissaient déjà depuis 2007, année de son exposition au Musée d'art moderne. Et c'est aujourd'hui un autre artiste contemporain chinois, Wang Luyan (né en 1956), qu'expose pour la première fois dans une institution muséale le MAM. Très tôt, en 1979, Wang Luyan intègre le groupe des « Étoiles », le mouvement artistique le plus subversif de son pays, contestant à la fois l'académisme artistique et le système social chinois. Il s'en éloigne dans les années 90 considérant que « le contenu de leurs œuvres est dominé par l'idéologie, par l'esthétique politique et sociologique qui se conforment au point de vue des occidentaux. L'art chinois à la fin des années 90 n'a pas été animé par une force venant de son propre pays, mais par une dynamique occidentale. » Les créations de Luyan, elles, s'ancrent dans des problématiques sociales actuelles et jouent fondamentalement de paradoxes mêlant le vrai et le faux, le normal et l'anormal, l'envers et l'endroit, la vitesse et la lenteur...

Et utilisent comme motifs ou éléments génériques des pistolets, des machines, des montres, des tanks... Artiste proche de l'art conceptuel, il estime que c'est l'idée de l'œuvre qui prime, et que sa réalisation concrète sert surtout de support d'échange avec le public. « Au-delà de son intérêt pour les mécaniques froides, il a sa propre vision de la vie et du monde. Toutes les œuvres de Wang Luyan évoluent entre le dessin de conception et l'art, la plupart tendant peut-être vers l'art graphique. Cela renvoie probablement à son expérience d'ouvrier d'usine. Son mode de représentation relève d'une esthétique mathématiquement calculée, une «négation de la peinture» qui rejette l'aspect narratif traditionnel de l'art » écrit son compatriote Huang Du. A Saint-Etienne, Wang Luyan présentera des œuvres inédites et récentes : des peintures murales réalisées in situ et des sculptures monumentales. JED

Wang Luyan du 14 juin au 21 septembre au Musée d'art moderne.


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