Dans la gueule du requin


1975. Alors que le Nouvel Hollywood rumine ses idées noires, son cinéma de l'errance et ses anti-héros, un tout jeune cinéaste, fan d'Hitchcock et ayant fourbi ses armes à la télévision — ce n'est que son deuxième film pour le cinéma — jette un pavé dans la marre. Enfin, plus précisément, un requin dans la baie, puisque tel est le point de départ des Dents de la mer de Steven Spielberg.

Le scénario, très libre relecture d'Un ennemi du peuple d'Ibsen, montre comment une petite station balnéaire sans histoire va connaître le cauchemar lorsque ledit requin va se mettre en tête de bouffer les plagistes, en commençant par une jeune donzelle dénudée et envapée qui avait eu le tort d'aller prendre un petit bain de minuit. Le chef de la police Brody comprend très vite l'ampleur du danger, mais le maire reste sourd à ses appels pour interdire l'accès à la baignade, n'y voyant que son intérêt commercial. Après un véritable massacre, une petite équipe composé de Brody, d'un scientifique et d'un chasseur de requins vont tenter de buter la bête, début d'une épique et flippante odyssée.

Spielberg joue sur la suggestion — on ne voit que peu le requin, même si ce n'était pas forcément l'idée de départ, la chose s'étant imposée au gré des avanies survenues pendant un tournage infernal — et sur un suspens savamment maintenu par le thème composé par John Williams, désormais classique. Comme le film, qui n'a pas pris une ride, et dont on rappellera qu'il est à l'origine de la tradition du blockbuster, quelques mois seulement avant l'arrivée de Star wars sur les écrans.

Christophe Chabert

Les Dents de la mer
Soirée Pop corn au Méliès, vendredi 27 juin à 21h


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