Coldwater

De Vincent Grashaw (ÉU, 1h44) avec P. J. Boudousqué, James C. Burns…


Ce premier film tourné par le producteur de l'excellent Bellflower se situe à l'intersection du cinéma à sujet et du cinéma de genre, l'un conférant à l'autre son originalité : Grashaw montre en effet une prison à ciel ouvert, en fait un centre de détention pour mineurs où les adolescents sont envoyés sans procès, sur simple demande de parents dépassés. Les figures imposées sont là : brutalité des conditions de détention et des matons, tensions entre détenus et naissance d'un héros qui s'endurcit au contact de la vie carcérale pour espérer s'en affranchir ensuite. La teneur dénonciatrice du propos offre quant à elle la meilleure idée au film : montrer ce camp comme une lointaine résurgence des violences militaires post-Irak ou post-Afghanistan appliquées à de simples citoyens américains.

Coldwater, toutefois, n'arrive jamais à développer une singularité visuelle ou narrative, donnant l'impression de recycler des clichés plutôt que de renouveler des codes. Il faut dire que les personnages sont particulièrement stéréotypés et que la narration, mélange d'ellipses et de flashbacks, ne confère aucune épaisseur à leur parcours. Grashaw se repose sur la violence des événements décrits pour donner du relief à son film mais tout cela sent le déjà vu, en beaucoup mieux, dans une tonne de films de prison plus ou moins récents — de Don Siegel à Jacques Audiard.

Christophe Chabert


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