Mozart, plutôt trois fois qu'une...

Avec l'Opéra Théâtre, la nouvelle équipe municipale, soumise aux impératifs du calendrier, rassure acteurs culturels, artistes et abonnés. Elle assure la continuité d'une programmation héritée, étonnamment mozartienne, après «Les Noces de Figaro» de juin dernier. Mais au pays de Massenet, Sarastro est toujours le bienvenu pour apaiser les âmes. Alain Koenig


Mozart donc ! Qui s'en plaindra, même en cette année de biennale où l'on attendait plus la grande cité ouvrière dans une production de Massenet que pour deux diamants de Mozart ? Avec La Flûte enchantée et La Clémence de Titus, créés la dernière année de sa vie, Mozart lègue deux testaments philosophiques et spirituels. Ces ouvrages exigent des voix superbes et les jeunes chanteurs de cette distribution semblent pouvoir donner au Singspiel de Wolfgang l'amplitude vocale requise. Denis Podalydès, pour sa part, mettra en scène les tourments émotionnels d'un Titus affrontant ses failles, et s'interrogeant sur le sens du verbe trahir. L'opera seria, genre qui s'essouffle en cette fin de XVIIIème siècle, retrouve, avec Wolfgang, toute sa superbe. De son côté, Laurent Touche revisitera le répertoire qu'il affectionne tant avec Fortunio de Messager. Très bien écrit et ravissant, l'ouvrage fera oublier les premiers frimas de l'hiver, comme le «toujours frais» Don Pasquale de Donizetti. Le Marchand de Venise de Reynaldo Hahn est, quant à elle, une œuvre peu reprise depuis sa création en 1935. Abhorrant les modes et l'air du temps, Hahn souhaitait revenir aux sources de l'inspiration vocale et prenait Mozart pour référence. Est-ce là le fil rouge de la saison lyrique ?

Symphonique ou Romantique ?

La saison symphonique par ailleurs, prend ses quartiers d'hiver dans un germanisme romantique de bon aloi (Beethoven, Schubert, Schumann, Mendelssohn...). Elle s'autorise une «Modeste» excursion chez la tsarine, avec les inoxydables Tableaux d'une exposition de Moussorgski. Le concert de clôture ne s'éloignera pas non plus de la zone de baignade surveillée avec le Concerto pour violon n°3 de Saint-Saëns et L'Apprenti Sorcier de Paul Dukas, désormais au patrimoine mondial du dessin animé. Le directeur musical ayant rendu son tablier, l'oreille mélomane se portera tout naturellement, sur les chefs invités, toujours susceptibles d'enthousiasmer musiciens, chanteurs et auditeurs. Charisme, bienveillance, inspiration(s), attaques et fins de phrases, ancrage rythmique, musicalité, nuances, cohésion seront certainement les «savoir faire» et «savoir être» pré-requis des heureux élus.

 

Légende photo : La Flûte Enchantée de Mozart


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