Pavement gangs, entre culture noire et criminalité


Quel parcours magnifique que celui de Kyle Abraham, danseur et chorégraphe noir américain issu des quartiers populaires de Pittsburg, qui réussit à intégrer de grandes écoles de danse et qui, repéré aux U.S.A comme l'un des meilleurs chorégraphes, «le plus grand et brillant talent créatif à émerger de New–York durant l'ère Obama» est actuellement le point de mire de beaucoup de gens au niveau international ! Sa danse est un mélange de l'héritage populaire et d'une danse plus travaillée, héritière de l'école américaine.

Pavement (le trottoir) qui s'inspire du film Boyz'N the Hood (hoodlum signifie voyou), primé à Cannes en 1991, place l'action sur un terrain de basket au cœur des quartiers populaires de Pittsburg, sur fond de luttes entre bandes rivales. C'est une pièce très forte, une sorte de West Side Story d'aujourd'hui qui rappelle le légendaire chef–d'œuvre de Broadway, ses airs inoubliables, les tensions dans les arrières–cours délabrées de l'Upper West Side new–yorkais entre les Jets et les Sharks, où les doigts claquent, les sirènes de police hurlent, où l'intolérance et la haine ruineront l'amour de Maria et de Tony.

Pavement, dans un décor très sobre composé d'un panneau de basket sur lequel défilent des vidéos en noir et blanc de la démolition d'immeubles, raconte le quotidien assez violent des noirs de banlieue, les histoires émouvantes de sept jeunes vivant au quotidien pauvreté, violence, brutalités policières... Un peu plus de vingt ans après Boyz'N the Hood, Pavement scrute la situation de l'Amérique noire et son évolution dans le temps marquée par la discrimination... L'œuvre de Kyle est on ne peut plus actuelle et sociale. MB


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