Le carré d'Hermès


Dans une lettre adressée à son père en 1777, Mozart confie : «comment écrire pour un instrument que je ne puis souffrir ?». Fidèle à lui-même, il relèvera le défi en nous gratifiant de quatre quatuors pour flûte, violon, alto et violoncelle. Composés à Mannheim, ville dont le Prince Électeur Karl-Theodore avait fait un centre culturel très actif, les deux premiers opus furent une commande de l'armateur Dejong, flûtiste amateur avec lequel il avait sympathisé. Le dernier quatuor K.278 semble pour sa part, avoir été un pastiche, caricaturant la faiblesse harmonique de certains compositeurs français, et recyclant les thèmes de chansons populaires. Pour Valérie Perrotin, flûtiste du Quatuor Hermès, jouer cette intégrale redonne vie à «un Mozart qui passait de joyeuses soirées à faire la musique avec ses amis. Ces quatuors sont très concertants, les mouvements lents sont somptueux. C'est de la grande musique de chambre, trop souvent absente du répertoire des flûtistes, qui jouent rarement avec les cordes. C'est aussi un grand plaisir que de travailler les quatre en même temps». Les autres solistes Vera Markovitch au violon, Anna Startseva à l'alto, et Marianne Gaiffe au violoncelle, partagent l'enthousiasme communicatif de leur quatrième complice. «Je me suis rendu compte du travail de justesse et de couleur de son que cet exercice requiert, et que les flûtistes n'ont pas l'habitude de faire». Alain Koenig

Quatuor Hermès, Sérénades du dimanche, Centre Saint-Augustin, 12 octobre à 17h30


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L’homme qui murmurait à l’oreille des gitans