Rosetta, voyage au pays des glaces

LANCÉE IL Y A DIX ANS PAR UNE FUSÉE ARIANE, LA SONDE EUROPÉENNE A ATTEINT SA DESTINATION - LA COMÈTE CHURYUMOV-GERASIMENKO - EN PARFAIT ÉTAT DE MARCHE, PRÊTE POUR UNE PREMIÈRE MONDIALE : SUIVRE EN ORBITE L'ÉVOLUTION D'UNE COMÈTE. ÉRIC FRAPPA, DIRECTEUR SCIENTIFIQUE DU PLANÉTARIUM DE SAINT-ÉTIENNE


Dès les premières images de juillet, la tonalité était donnée : la mission Rosetta sera spectaculaire ! Les caméras de la sonde ont en effet révélé un corps très irrégulier, comme deux noyaux collés l'un à l'autre par un isthme étroit, d'un diamètre global de 4 kilomètres. Quelques semaines plus tard, après une complexe phase d'approche plaçant la sonde en orbite à seulement quelques dizaines de kilomètres de la comète, les images en haute définition ne déçoivent pas. Avec un luxe de détails incroyable, nous découvrons une surface montrant par endroits une texture d'enduit grossièrement passé à la truelle et à d'autres des amoncellements de graviers. Les comètes sont des corps glacés primitifs, restes de la formation du système solaire, et leur étude permet de reconstruire cette histoire. C'est la première fois qu'une sonde va suivre pendant plus d'un an l'évolution d'un noyau de comète, au fur et à mesure qu'il s'approche puis s'éloigne du Soleil.

Se poser sur un relief tourmenté, en faible gravité
Les premiers résultats de Rosetta commencent à tomber. La surface de la comète est très sombre et correspond à un matériau poussiéreux très poreux. La glace d'eau est absente de la surface et doit se trouver en profondeur. L'instrument COSIMA a réussi à collecter des grains dans l'environnement de la comète qu'il va analyser. Le noyau est actuellement cartographié et étudié sous toutes les coutures, en prémices d'un événement majeur de la mission : l'atterrissage du module Philae sur la comète. Le site vient d'être choisi - ce sera au "sommet" du plus petit des deux volumes. Philae devrait s'y poser en novembre 2014 pour photographier et échantillonner la surface. La manœuvre est à haut risque en raison du manque de zones planes et de la faible gravité du noyau : pour ne pas rebondir, Philae sera ainsi plaqué au sol par un propulseur, puis fixé par des harpons et des vis !

 

Légende du visuel :

Gros plan sur le noyau bilobé de Churyumov-Gerasimenko, d'un diamètre de 4 kilomètres (crédit : ESA/Rosetta/MPS for OSIRIS Team MPS/UPD/LAM/IAA/SSO/INTA/UPM/DASP/IDA).


<< article précédent
Quand «doper l'opéra» opéra...