La mort est histoire de filiation


Vous rappelez-vous de Six feet under ? La série du début des années 2000 qui parlait d'une entreprise familiale de pompes funèbres. La fiction s'était emparée de la transmission d'un métier macabre, être croque-mort de père en fils. La pièce Les Psychopompes parle aussi de transmettre un savoir-faire. Mais cette fois-ci chez des demi-dieux. Comme le titre l'indique il s'agit de suivre les aventures filiales de deux «anges» qui accompagnent les morts vers un au-delà infernal ou paradisiaque. Tels Orphée, Hermès, Anubis, Charon… nos deux protagonistes, Pater et Junior (le père et le fils) guident (enfin apprend pour l'un) les âmes des nouveaux défunts dans la traversée du Styx contemporain, le périphérique. Dans cette fable moderne les passeurs sont chauffeurs de taxi, beaucoup plus pratique de conduire une automobile que de ramer dans une barque. Pater se voit flanquer d'un rejeton ado à la mort de sa mère. La seule chose qu'il peut donner à sa descendance : un métier. Seulement il n'est pas aisé d'introduire les âmes aux cieux, cela demande de l'art, de la finesse… et du temps. Cette comédie est écrite et mise en scène par l'auteur stéphanois Gilles Granouillet. Le directeur du Verso nous plonge dans un univers loufoque, mythologique, truculent et musical. Ici on escorte les morts en taxi la radio allumée, Perséphone semble être une sirène jazzy aux allures de Julee Cruise et les bergers tirent plus leur duo de Laurel et Hardy que des Ailes du désir. A mourir de rire, assurément. FB

Les Psychopompes de Gilles Granouillet à Andrézieux-Bouthéon au théâtre du Parc le 10 octobre, au Centre Culturel de la Ricamarie le 17 octobre


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