Au pays de Gandhi…

La photographe Véronique Durruty a posé son regard sur une fête étonnante lors de laquelle la population indienne se livre à une véritable bataille de pigments multicolores. Une exposition forcément haute en couleurs, présentée à l'Université Jean Monnet dans le cadre de la semaine "Incredible India". Niko Rodamel


L'Inde fait partie de ces destinations qui peuvent tout autant fasciner qu'effrayer le voyageur. Avec un milliard trois cent milles habitants répartis sur un territoire grand comme cinq fois la France, avec des villes gigantesques comme Bombay ou Delhi, le pays exhibe une situation bancale et contradictoire entre croissance et pauvreté, entre l'exubérance naïve des plateaux de Bollywood et la réalité du travail massif des enfants. L'Inde est multiple, l'Inde est plurielle, pour celui qui emprunte la route des Indes ou les routes de l'Inde… Véronique Durruty a choisi de s'immiscer, appareil photo en main, au cœur de Holi, fête hindoue de l'équinoxe de printemps, capturant l'invasion outrancière des couleurs qui transforme les participants en autant de toiles mouvantes. Chaque année, lors du deuxième jour de cette fête célébrée dans toute l'Inde, la population sort dans la rue habillée en blanc et circule avec des pigments de couleurs vives que chacun peut jeter sur quiconque.

… on s'amuse, on pleure, on rit
Véronique Durruty s'emploie à restituer l'énergie positive de la fête, avec ses mouvements, ses ondulations, ses regards et ses sourires. Les images sont le plus souvent des vues rapprochées (une épaule, un demi-visage, des pieds…), amenant le spectateur au plus près des protagonistes et de la matière pigmentaire qui les recouvre. Au-delà de la ferveur palpable dans les scènes de foules, il se dégage des gros plans une chaleur harmonieuse voire une certaine sensualité. La maîtrise parfaite de la technique photographique révèle chez l'artiste une rigueur évidente au service du regard. Pour autant, la photographe ne se prend pas au sérieux lorsqu'elle nomme les clichés exposés. Si certaines légendes s'habillent simplement de poésie (Dans les nuages, Pétales d'amour…), d'autres sont autant de clins d'œil amusés et amuseurs : Woodstock, La gifle, Arlequin, Extraterrestre, Les mains en l'air… De par le jeu des couleurs, l'ensemble demeure très pictural, nombre d'images sont d'ailleurs sous-titrées pour rendre clairement hommage à quelques grands maîtres tels que Botticelli, Pollock, Rubens, Géricault ou encore Niki de Saint-Phalle.

Holi, un grain de couleur en Inde, photographies de Véronique Durruty, du 7 au 17 octobre, grand hall de la Maison de l'Université, 10 rue Tréfilerie à Saint-Étienne


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Angel Forrest : «Le blues permet de partager des émotions fortes en live»