Mon mari, mes amants, mes …


Ayant rompu en 1835 avec la houleuse George Sand, Alfred de Musset se remémorait ses émois de jouvenceau dans une pièce désormais passée à la postérité : le Chandelier. Le poète de dix-sept ans, épris d'une femme mariée, se rendit compte fortuitement qu'il n'était pas seul aux rendez-vous galants de sa belle. Un autre amant, en sus du mari légitime, affirmait être le dépositaire des égards de la dame... Le dernier arrivé était censé «tenir la chandelle», c'est-à-dire, porter le poids des soupçons du mari jaloux. Avec quelques grincements de portes, Musset rompt le schéma classique du trio amoureux et le transforme en quatuor presque musical. Créée en 1848, la pièce connaîtra quelques problèmes d'allumage, avant d'être reprise en 1850. Une Chanson de Fortunio, composée par Offenbach, viendra même émailler l'intrigue, faisant hélas l'objet d'une piètre restitution vocale par des acteurs peu versés dans l'art lyrique... Il faut attendre 1907 pour que soit créé Fortunio d'André Messager à l'Opéra-Comique, une comédie lyrique parfaitement fidèle au génie dramatique de Musset. Le succès depuis ne se dément pas, ce qui n'étonnera ni les amoureux du théâtre de Musset, ni les admirateurs de la musique de Messager, parmi lesquels nous rangerons Laurent Touche, ambassadeur du «revival» d'un répertoire injustement boudé par l'intelligentsia, mais adoré du public familial. «Ouvrez donc ce placard, très chère !» Alain Koenig

Fortunio du 14 au 18 novembre à l'Opéra-Théâtre


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