Duo pour un motif

Pierre Pontvianne s'affirme comme le chorégraphe de la Compagnie stéphanoise PARC possédant un joli rayonnement. Cette dernière avait avec «Souffle», fait palpiter le théâtre Copeau au rythme de la respiration, précisément liée au souffle. Après ce solo qui parlait indirectement de vivre et de mourir, Pierre Pontvianne nous propose «Motifs», un duo avec la délicieuse Marthe Krummenacher, une pièce très fine, toute en sensibilité et sensualité, qui parle indirectement de l'amour mais ne le dit jamais. Monique Bonnefond


La danse est un langage dont chaque type possède ses propres spécificités, mais à l'inverse de l'écriture qui se déchiffre, la danse ne se déchiffre pas. Elle se traverse. Pierre Pontvianne aime le langage mais cet homme pudique pratique plutôt l'art de la litote. Ainsi, Motifs parle de l'amour mais sans jamais le dire. Dans ce duo homme-femme, les questions de l'amour viennent assez vite mais c'est au spectateur de qui Pierre Pontvianne ne veut pas influencer le regard, d'aller à la découverte de quelque chose… Par exemple, quand les deux danseurs se tiennent par les mains et que les mains ne se lâchent plus, on découvre… Il se passe deux choses principales dans cette pièce. Dans un premier temps, les corps ne sont pas en contact, puis vient le moment où ils se rencontrent et ne se lâchent plus. Quand on crée une osmose, quelque chose provenant de l'infini se met en place.

Éveilleur d'émotions et de sensations
Pierre Pontvianne, on l'aura compris, n'est pas homme à imposer son langage. Il se situe plutôt dans l'échange, la générosité au sens où être généreux est un vrai don par le jeu du regard auquel l'artiste se prête. Il est dans la disponibilité, la rencontre. C'est la rencontre qui va faire qu'il se passe quelque chose. Mais il n'est pas évident de créer cette dernière. Ce n'est pas quelque chose de simple. On ne sait pas ce qui fait qu'on va se mettre à bouger et comment l'autre va recevoir ce qu'on donne. Il y a des mouvements qui viennent de l'autre. C'est une création permanente, dans l'instant. Pierre Pontvianne a voulu questionner ce qui motive et dessine le mouvement des corps, de ses motifs. En tant qu'artiste aimant stimuler l'imaginaire du spectateur, il est allé explorer des endroits qui nous permettent d'éveiller, de réveiller, d'alerter, de toucher. Tout ceci en allant plus loin que les pays, c'est toute l'humanité, les mémoires du monde à travers tous les âges. Provocateur de l'imagination, éveilleur de sensations enfouies dans le noyau de l'être, il touche un point enfoui de notre mémoire et fait ressurgir la «Madeleine de Proust» qui est en nous.

Motifs, jeudi 20 et vendredi 21 novembre à 20h, Opéra Théâtre de Saint-Etienne


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"J'ai choisi l'arrêt avant l'épuisement"