Faire bonne chère


Le postulat de départ de Cannibale est triste, ne le cachons pas. Non pas qu'il s'agisse d'une pièce gore où l'hémoglobine coule à flots. La pièce met en scène plutôt une histoire d'amour, celle de deux hommes. La maladie va contrarier cette love story en emportant incessamment sous peu l'un des deux protagonistes. Les derniers jours ils les passeront seuls, en amoureux, dans une maison isolée au beau milieu de la forêt. Celui qui va rester vivant voudrait manger l'autre pour ne pas le perdre. Encore une fois le Collectif X choisit de traiter de sujets délicats mais incroyablement humains. Ce spectacle prend à bras le corps, mastique, digère l'anthropophagie amoureuse. Ouille ! ça va faire mal, pensez-vous. L'écriture se veut volontairement légère, explorant par touche, par séquence, la relation de couple jusqu'à sa fusion. «Si tu crois t'en tirer paisiblement comme ça tu te trompes parce que je serai jusqu'au bout là pour te pousser dans les coins, te mordiller le bras, avaler ta salive, t'agripper à pleine main, te faire pâlir d'un coup, tu es là tu es là tu es là et je suis là aussi.» La pièce a été écrite pour le binôme Artur Fourcade et François Gorissen. Le duo se révèle plus que probant, parfaitement complémentaire, l'un a quelque chose de félin, l'autre tire plutôt sur la gazelle, bien qu'il n'y ait au fond ni prédateur ni victime. Souvenons nous du film de Claire Denis sur ce sujet, Trouble Every day. La dévoration comme summum de l'acte sexuel, une manière de continuer de vivre avec l'autre ? FB

Cannibale, par le collectif X, au Théâtre le Verso Du mardi 16 au vendredi 19 décembre à 20h30


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