La victoire en chantant…

"A Plates coutures" s'inspire du combat des ouvrières Lejaby pour garder leur entreprise ouverte. Un spectacle, 99% féminin, plein d'humour, de chansons et de progestérones à voir en ce début de mois à Saint-Étienne et à la Ricamarie. Florence Barnola


Quand autrefois les tailleurs trouvaient les coutures saillantes, ils les écrasaient pour les aplatir avec le dé à coudre. Le théâtre du XVIIe a popularisé cette si jolie expression : «Battre à plates coutures» qui sied à merveille au spectacle imaginé par Claudine Van Beneden. À plates coutures raconte le monde du travail au féminin mais s'adresse aux deux sexes. Le spectacle s'appuie sur la lutte de ces ouvrières yssingelaises face à la fermeture de leur atelier de lingerie. «Le sujet m'est apparu fin 2010 lors des premières manifestations des ouvrières de Lejaby dans les rues d'Yssingeaux. J'ai alors décidé d'aborder le thème du travail des femmes en nous inspirant du combat de ces ouvrières. Simultanément, je découvrais l'écriture de Carole Thibaut et plus particulièrement son activité de collecte de parole qui m'a particulièrement touchée.» Carole Thibaud a ourdi un texte d'après des conversations que la metteure en scène Claudine Van Beneden a échangées et collectées auprès d'employées d'ateliers de lingerie. Il en résulte un spectacle lumineux, à la fois drôle, engagé et chantant.

"On parlera d'amour, d'amitié de solidarité, d'espoir et le plus souvent de lutte dans la douleur peut être…"

Quatre wonder women, Barbara Galtier (belle et drôle) en tête, incarnent ces amazones de la charretière. Elle prennent les armes en rythme et parfois en chansons sur la musique de Simon Chomel. «On était là/On ne disait rien/On était toutes là/avec nos têtes de vaincues/vaincues de la vie/vaincues de la fatalité/vaincues de l'économie mondiale/vaincues de tout/Pas nées au bon endroit/Pas nées dans les bons draps/Nos têtes de vaincues de toute éternité/Et puis soudain/il y en a une qui s'est mise à crier.» Aux accords et riffs de guitare électrique se mêlent les bruits des machines. De la chaîne de montage à la presse à tissu, tout rappelle l'univers sonore d'une usine. Claudine Van Beden creuse le sillon qu'elle avait commencé d'ouvrir avec Darling de Jean Teulé à savoir un travail sur le son réel et la création musicale. «Cette recherche sonore et musicale permettra aussi l'alternance d'une interprétation théâtrale et d'une interprétation intime, propre à ce que je pense être le théâtre musical contemporain.» Alors, Let's rock !

A Plates coutures, les 4, 5 décembre 2014 à 20H30 et le 7 décembre 2014 à 17h au Théâtre du Verso et le 12 décembre 2014 à 20h30 à la Ricamarie


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