Coup de cœur classique Noël : Handel Orlando


Vous avez dit contre-ténor ? Le mot évoque parfois le godelureau médiatique, une bizarrerie vocale, voire anatomique, à la sauce aigre-douce. Sous d'autres cieux, cette tessiture, à l'ADN éphémère (retraite à 45 ans), se révèle suave, racée, voluptueuse. Dans ce firmament brillent quelques étoiles : Alfred Deller, Andreas Scholl, Derek Lee Ragin (la voix «anonyme» du film Farinelli), James Bowman ou Brian Gordon... Bejun Mehta a repris le flambeau depuis quinze ans déjà. Sublime vocalement dans le rôle-titre de l'opéra Orlando de Haendel, il nous rappelle que le contre-ténor n'est pas la «cocotte» que l'on croit, mais une voix aiguë au caractère chaud, mâle (c'est tout son attrait) et à l'ambitus radieux. L'opéra baroque a ses codes : la voix reflète le caractère des protagonistes : aiguë, elle symbolise la jeunesse, virtuose, la bravoure face aux épreuves... Une très belle version d'Orlando, dirigée par l'ex-(cellent) contre-ténor René Jacobs. La succession de M. Mehta sera difficile ! AK


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De l'or au bout des «cinquante» doigts