Mali, ma liberté

La chanteuse malienne Mamani Keïta viendra défendre son premier album solo, Kanou. Un disque qui lui ressemble et qui donne sur scène un doux mélange de complicité et d'amour entre la chanteuse, ses musiciens et le public. Niko Rodamel


En 2001, son premier album avec Marc Minelli (Electro Bamako) avait surpris tout le monde par son mélange audacieux d'electro, de jazz et de musique mandingue, trois ans avant que le binôme à lunettes Amadou et Mariam ne s'emparent de cette tendance world fusion en s'associant avec Manu Chao sur le cultissime Dimanche à Bamako. Mamani Keïta enfoncera le clou avec Yelema en 2006, puis Gagner l'Argent Français en 2011; deux LP coréalisés avec le guitariste et arrangeur Nicolas Repac, sur lesquels les samples et les programmations venaient chatouiller les instruments traditionnels avec des accents afrobeat, parfois rock, voire dub. La chanteuse signe cette année son premier album en solo, Kanou, composant elle-même toutes les musiques et opérant un véritable retour aux sources dans la plus pure tradition sahélienne.

Le temps béni de l'indépendance
Elle explique avec malice : «J'ai pris la décision de prendre mon indépendance. Le Mali l'a bien fait, alors pourquoi pas moi ? Dans mes albums précédents, je chantais, puis le producteur et l'arrangeur bossaient de leur côté. Cette fois-ci, j'ai eu envie que tout se passe devant moi, sous mes yeux : je voulais voir le chemin que je traçais.» La chanteuse rapporte elle-même une anecdote qui remonte au premier soir de l'enregistrement du disque… De retour chez elle, Mamani Keïta réécoute alors attentivement une captation audio du travail effectué en studio. Comme aimantée par le son de la musique et de la voix, sa fille, qui se trouvait dans sa chambre, la rejoint aussitôt et lui dit, aussi étonnée qu'émue : «Maman, ça, c'est toi ! Il faut continuer comme ça. Je ne dis pas ça seulement parce que je suis ta fille : là, je te retrouve vraiment, tout entière.» Petit secret de fabrication : «J'ai composé les chansons puis j'ai appelé mon guitariste pour voir ce qui, mélodiquement, collait ou pas. Ensuite, nous sommes entrés en studio en travaillant d'une manière très différente : tout a été enregistré en condition live.» Sur scène Mamani est impeccablement accompagnée par Djeli Moussa Kouyaté (guitare), Moriba Koïta (n'goni) et Madou Koné (percussions). La complicité qui transpire en live entre la chanteuse et ses musiciens montre à quel point elle tient à la richesse de l'échange et du partage. En bambara, Kanou signifie d'ailleurs tout simplement aimer.

Mamani Keïta, samedi 6 décembre à 20h30, Centre culturel Le Sou à la Talaudière


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