Sucré salé


Au printemps dernier, on a beaucoup parlé d'Abdelwaheb Sefsaf quand il a été remercié de son poste de directeur du Théâtre de Roanne. Fort heureusement son nom circulait avant dans les chaumières d'une part parce qu'il a été l'un des fondateurs de la compagnie Anonyme et surtout pour son rôle de leader-chanteur du feu groupe Dézoriental. Artiste multi facettes (musicien, comédien, metteur-en-scène, auteur…) il a construit un pont entre ses deux cultures, l'Orient et l'Occident. Pas de dualité chez Abdel, il tend plutôt vers une mixité culturelle. Toute discipline artistique entre au service du « drama » grec, son combat s'articule autour de la rencontre de deux mondes (aujourd'hui assez antagonistes), l'Orient et l'Occident, pour mieux les accorder musicalement sur une scène théâtrale. Avec Médina Mérika, Abdel Sefsaf s'attaque au rêve américain vu de la Médina. Des vieux quartiers arabes, on regarde le Nouveau Monde avec fascination et dégoût. Jamais le metteur en scène ne porte de jugements ni des clichés, il livre avec authenticité le (re)sentiment oriental face à l'Amérique et réconcilie deux univers. Derrière le rejet d'un système se dissimule une attirance attisée par la promesse d'un Eldorado. Comme toujours Abdel Sefsaf sait s'entourer d'une équipe plurielle constituée de musiciens (le formidable Fantasia Orchestra), comédiens, performeurs… Ils s'appuient sur un texte, très sensible et fin, du romancier turc Orhan Pamuk, joué en arabe et en français. On en ressort avec un goût de miel, un parfum de jasmin et le rock au ventre. FB

Médina Mérika le 5 décembre au Théâtre de Roanne, les 30 et 31 janvier à l'Espace Culturel Albert Camus au Chambon Feugerolles, le 10 avril au Théâtre Copeau à l'Opéra Théâtre de Saint-Etienne


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