Craqueur Belin

Artisan de la chanson française, Bertrand Belin forge une musique entêtante et attachante. Avec son quatrième album Parcs, sorti en 2013, il continue d'explorer la profondeur d'un spleen mélodique, articulant à merveille mots et musique. Un poète moderne qui décline à qui le veut son verbe précieux avec des notes empreintes de chaleur. Nicolas Bros


Sans fioriture et se projetant loin du matérialisme obsolescent de la chanson française de ses confrères, Bertrand Belin évolue à contre courant, dans un monde construit autour de la profondeur des mots et des sons. D'une infinie richesse émotionnelle, la création de Belin peut paraître minimale voire austère au premier abord. Avec Parcs, son quatrième album, l'auteur-compositeur-interprète à la voix grave enjôle, cajole et enrobe le tympan d'une manière feutrée et douce. Bertrand Belin a en effet réussi une nouvelle fois (après le magnifique Hypernuit en 2011) à marier avec maestria langue française et musique déroutante, en évoluant vers un côté beaucoup plus lumineux dans sa production. Sans chemin préconçu, les créations de Belin dissonnent du reste de la chanson française par leurs cotés sinueux, n'hésitant pas à Aller sans but, souvent sans refrain mais diablement accrochantes. Nostalgiques mais pas tristes, les titres de Parcs ramènent à une introspection profonde, aux voyages de nuit, à la manière d'un Bashung.


Ouvrez les portes des Parcs

Caractérisé par son économie de mots, Bertrand Belin réussit le pari de transmettre les émotions en finesse, presque en filigrane. Comme il l'expliquait lors d'une entrevue avec nos collègues du Petit Bulletin Lyon, son pari "est de considérer que les mots ne peuvent pas tout dire et que beaucoup de mots ne disent pas forcément plus que peu de mots". Et le résultat est un condensé de chansons introspectives. Mais sur scène, les titres de Belin revêtent un tout autre habit. Tel un jeune ado montant sur scène pour la première fois, le chanteur entre dans un jeu quasi rock en live. "Les disques, pour moi, s'inscrivent dans un rapport paradoxal car mes chansons sont avant tout faites pour être jouées sur scène, analyse-t-il Et je ne m'attache pas du tout à créer un lien d'égalité ou de cohérence entre la scène et le disque. Ce sont deux choses très distinctes et ça l'a toujours été pour moi."Le live est une autre manière d'aborder l'univers singulier du poète qui a ouvert pour nous en très rand les portes de ses Parcs arborés et colorés. Qui a dit austère déjà ?

Bertrand Belin + Luciole, jeudi 15 janvier à 19h, Théâtre des Pénitents à Montbrison, dans le cadre des Poly'Sons 2015

Légende : Tenté par un voyage musical avec Bertrand Belin ?


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Insomniaque janvier 2015