"J'adore le contraste et le relief dans la musique"


Je crois savoir que ce nouveau disque Creatures possède une saveur particulière pour vous. En quoi est-il différent des deux précédents ?
C'est un album très particulier pour moi. Creatures est en même temps l'album sur lequel j'ai travaillé avec le plus de monde, avec des collaborations multiples et paradoxalement, c'est sûrement mon album le plus intime. Peut-être parce que les personnes qui ont travaillé avec moi m'ont permis d'aller un peu plus loin dans la création mais également parce que la pochette et l'environnement graphique ont été pensés par ma copine, Lili Wood, on entend également la voix de mon bébé dans le disque.

On retrouve de belles collaborations comme Daho ou François Marry (du groupe François & The Atlas Mountains). Avec Daho, comment cela s'est passé ?
J'avais accepté de remixer le morceau En Surface, issu du dernier album d'Étienne Daho alors que j'entrais en phase de création et que je m'étais juré de ne me concentrer que sur mon prochain disque. Mais je n'ai pas pu refuser la proposition d'Étienne Daho car d'une part j'adore le personnage et c'est également un morceau qui me touchait beaucoup, surtout la version acoustique avec Dominique A. L'appel de Daho a été comme un signe et j'en ai profité pour lui demander de poser sa voix sur mon album. Il a accepté et notre collaboration s'est déroulée très simplement. Il m'appelait à trois heures du matin ou m'envoyait des textos pour me demander comment allait "notre bébé" à tous les deux (ndlr : le morceau Mortelle). Ce fut une belle rencontre !

Vous considérez le silence comme un instrument à part entière ?
Oui, tout à fait. Je me suis rendu compte de cela notamment en écoutant de la musique classique où il y a parfois des pauses avant que ça ne reparte de plus belle. J'adore le contraste et le relief dans la musique. On peut jouer avec les silences et ça devient un instrument à part entière. J'aimerais développer cela en live même si je viens de la musique électronique où j'avais l'habitude de faire des autoroutes où ça ne s'arrêtait jamais. J'aime toujours les longs sets mais j'avais envie d'ouvrir le live à autre chose.

Vous êtes revenu à Paris, après trois ans à Berlin. Que gardez-vous de cette période passée outre-Rhin ?
De très bons souvenirs même si j'avais la sensation d'avoir fait le tour. Pour le troisième album, je souhaitais le créer ailleurs et revenir en France. À Berlin, la vie est assez relax par rapport à Paris. Cette ville m'a permis d'avancer pour sortir mon deuxième album. J'ai pu souffler et Berlin m'a débloqué. L'espace qui m'entoure est très important dans mon travail.

Est-ce que vous n'en avez pas marre que l'on dise de vous que vous êtes un grand timide ?
Cela me fait sourire. J'ai été très très timide c'est vrai mais la musique m'a débarrassé de cette timidité. Elle m'a permis d'aller plus facilement vers les autres. Elle est encore présente mais avec du recul je pense qu'elle a été un moteur. Par exemple, lors de ma dernière tournée aux USA, j'ai même pris le micro pour parler au public... Cela aurait été impensable pour moi il y a quelques années (rires).

Quelques conseils musicaux ?
Je me sens complètement largué car j'ai malheureusment très peu l'occasion d'écouter de la musique car je suis très focalisé sur mon travail. Je n'ai même pas pu encore écouter les derniers albums de Caribou et Clark. Mais dans les choses qui m'ont marqué récemment il y a Tim Hecker et puis la redécouverte de l'univers de Bashung, avec ses textes de dingues et ses arrangements musicaux extraoridinaires.


<< article précédent
Des planètes se forment autour de l'étoile HL Tauri