Princesse de gouaille

Accordéon en bandoulière, chansons aux paroles fleuries et chaleur humaine, la Suissesse Yoanna est une artiste hors des sentiers battus. Avec son troisième album "Princesse", elle continue son voyage musical avec sa gouaille caractéristique en passant en fin de mois à Rive-de-Gier. Nicolas Bros


Lorsque l'on voit chanson française avec accordéon, un furieux a priori monte en nous à la rédaction (ce n'est pas bien, nous vous l'accordons...) et une irrésistible envie de fuir nous prend au cou. Pourtant, il n'y a pas de raison de s'écarter si rapidement d'un style. Qui sait, peut-être avons-nous subi un "trauma-guinguette" généralisé ? Cela dit, lorsque l'on approche une oreille près du travail de la Suissesse Yoanna, on se rend compte de notre bêtise initiale. Cette auteur-interprète possède un côté nature et sincère que l'on avait déjà ressenti dans ces deux premiers albums Moi Bordel ! et Un peu brisée. Fin 2014, elle a sorti son troisième opus, sobrement intitulé Princesse. Empruntant avidement les routes du jazz, du hip hop et de la chanson, les titres de Yoanna possèdent la force d'attirer à elle. Gouaille tenante, artisanal jusqu'à l'autoprod', ce nouvel album contient de l'émotion à revendre mais toujours colorée par les textes ciselés de la Genevoise. Car ses paroles sont franches, teintées d'honnêteté, où transparaissent les fêlures que la vie peut laisser sur les âmes.

Franc parler à toute épreuve
Cette facilité à faire glisser les mots (parfois très fleuris), Yoanna l'avait démontrée avec ses deux précédentes épreuves. Comme l'expliquait notre rédaction grenobloise lors de la sortie d'Un peu brisée en 2012, la chanteuse possède "des atouts précieux dans le paysage sclérosé de la chanson féminine française [...] des paroles qui suintent le vécu sans loucher vers un quelconque misérabilisme". C'est là où se situe la quintessence de la production de l'accordéoniste; la création d'un univers singulier, où elle fait s'entrechoquer les incohérences de notre monde, entre puissants grossiers et misérables oubliés. Sur scène, Yoanna est naturelle, jusque dans son dialogue avec son public. Pas de faux semblants, pas de superflu. Accompagnée par Marion Ferrieu, sa complice de toujours au violoncelle et choeurs et de Mathieu Goust à la batterie, elle apporte une belle note d'originalité à une scène francophone qui en a plus que jamais besoin. 

Yoanna + Raphaël Herrerias, vendredi 27 février à 20h30, salle Jean Dasté à Rive-de-Gier

Légende photo : Yoanna, princesse des mots


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