Walk of Fame

Après nous avoir baigné dans l'univers des marginaux new-yorkais la saison dernière, Pierre Maillet poursuit l'adaptation théâtrale de la trilogie cinématographique de Paul Morrissey et nous immerge dans le Hollywood seventies aux côtés de Clément Sibony. Florence Barnola.


«Il faut faire théâtre de tout» clame le comédien et metteur en scène Pierre Maillet. Ainsi il s'est attaqué à l'adaptation théâtrale en deux volets de la trilogie de Paul Morrissey Flesh, Trash, Heat des années 70. Une époque que le metteur en scène chérit artistiquement. Il s'intéresse à l'univers de la Factory new-yorkaise (l'atelier) d'Andy Warhol autant qu'à la démarche artistique de Paul Morrissey. Ce rapport aux acteurs, cette manière de filmer vite, de prendre sur le vif, de capturer l'instant présent à l'aide de longs plans séquences… Bref Pierre Maillet aime cette liberté de création, que lui-même insuffle à ses créations. On avait aimé l'ambiance psychédélique du premier volet, New-York 68, créé l'année dernière, savourant cette adaptation de Flesh et Trash. Dans les films, Joe Dallesandro égérie d'Andy Warhol, incarne le personnage central prénommé Joe. Sur scène, trois Joe se succèdent montrant ainsi trois facettes ou vies d'un même homme. Dans New-York 68, le premier Joe (Denis Lejeune) en quête d'argent se prostitue quand le deuxième (Matthieu Cruciani) se drogue. Le deuxième volet portant sur Heat, Little Joe met en lumière un Joe acteur/chanteur recherchant du travail à Hollywood. «Ce spectacle s'inscrit plus dans la tradition américaine à la Billy Wilder, c'est beaucoup plus dialogué, plus écrit que le précédent.» Qui de mieux qu'un acteur de cinéma pour jouer ce Joe-là ? Clément Sibony interprète impeccablement le fil rouge du récit, le bel éphèbe nous raconte son histoire par flashbacks, en bord de piscine, comme si nous, spectateurs, nous nous retrouvions dans le rôle de journaliste.

La création musicale confiée au Coming Soon

Bien que se voulant une adaptation, Little joe se nourrit pour autant d'autres matériaux que l'œuvre originale. S'insèrent au spectacle les interviews des vrais acteurs. «Comme une espèce de distance de ces gens-là en train de tourner le film, je voulais que l'on ait un point de vue plus du côté des artistes puisque la Factory brassait autant d'artistes que des gens de la rue.» Enfin autre liberté que s'autorise le bienveillant Pierre Maillet, le sauvetage de ses personnages en préservant leur dignité «Ce ne sont pas des ratés, des sans talents. C'est plutôt le cadre hollywoodien qui ne leur permet pas d'exprimer leur talent.» À noter que les Coming Soon sont à nouveau au générique du deuxième opus signant de belles reprises et encore plus de chansons. Ils seront d'ailleurs en concert avec Clément Sibony au FIL le 20 février, avec des surprises …

Little Joe le 24, 25 et 26 février à la Comédie de Saint-Étienne

Légende photo : Plongée dans le Hollywood 70's avec Clément Sibony


<< article précédent
Princesse de gouaille